Tandis que l'entreprise de Sam Altman prônait jusqu'ici une approche éthique et prudente de l'intelligence artificielle, son alliance avec un fabricant de drones militaires autonomes contraste sévèrement avec les promesses initiales. Jusqu'où ira Altman pour faire fructifier son entreprise ?
C'était presque gravé dans le marbre ; nous vous écrivions en janvier dernier qu'OpenAI avait modifié sa politique d'utilisation pour pouvoir travailler avec « le département de la Défense ou avec les agences gouvernementales des États-Unis ». Un virage stratégique qui se précise un peu plus, puisque l'entreprise a noué un partenariat avec Anduril Industries, spécialiste des technologies de défense militaire, marquant ainsi son entrée officielle dans le complexe militaro-industriel américain.
OpenAI et Anduril : une alliance qui fait froid dans le dos ?
En l'espace de sept années seulement, Anduril Industries, cofondée par Palmer Luckey ; l'entrepreneur déjà connu pour avoir fondé Oculus VR (oui, la société qui fabrique des casques de réalité virtuelle) ; s'est hissée au rang d'acteur incontournable de l'industrie de la défense. En plaçant l'intelligence artificielle et les technologies autonomes au cœur de ses produits, Anduril a réussi à se démarquer et à proposer des solutions inédites pour les différents corps de l'armée américaine.
Sa spécialité : le développement de drones militaires, dont certains modèles sont explicitement conçus pour des missions offensives. Le partenariat nouvellement scellé prévoit l'intégration des puissants algorithmes d'OpenAI dans Lattice, la plateforme logicielle d'Anduril. Celle-ci aide pour le moment certains modèles de drones à surveiller les frontières nationales et certaines bases militaires.
Cette alliance servira donc à Anduril à « développer et déployer de manière responsable des solutions avancées d'intelligence artificielle pour les missions de sécurité nationale », comme le stipule le communiqué de presse associé à l'accord entre les deux sociétés.
Un atout stratégique pour l'armée américaine
Sam Altman, PDG d'OpenAI, justifie cette orientation en évoquant la nécessité de « protéger le personnel militaire américain » et de « permettre à la communauté de la sécurité nationale de comprendre et d'utiliser cette technologie de manière responsable pour garantir la sécurité des citoyens ». De son côté, Brian Schimpf, cofondateur et PDG d'Anduril, met en avant l'expertise d'OpenAI pour répondre aux « lacunes urgentes en matière de défense aérienne à travers le monde ».
Parmi les produits phares d'Anduril figure le Bolt-M, un drone kamikaze équipé d'une « puissance de feu de précision létale », spécifiquement conçu pour percuter et détruire ses cibles. L'entreprise travaille également sur le développement d'essaims de drones destinés aux opérations de la Marine américaine.
Aucun doute désormais, OpenAI s'éloigne progressivement des principes éthiques ayant présidé à sa création. Si l'entreprise maintient son discours sur le développement vertueux de l'IA, ce rapprochement avec un acteur majeur de l'armement autonome reste tout de même sujet à débat. Une décision qui pourrait même entraîner d'autres entreprises du secteur de l'IA à suivre le même chemin, Meta étant déjà engagé sur celui-ci depuis début novembre.
Source : Gizmodo