Les plateformes de réservation de stages de récupération de points du permis de conduire sont dans le viseur des autorités. La DGCCRF vient de mettre hors ligne un site frauduleux qui arnaquait les automobilistes depuis plusieurs mois à Marseille.
Le commerce en ligne des stages de récupération de points connaît, lui aussi, une recrudescence d'arnaques. La Direction générale de la concurrence et de la répression des fraudes (DGCCRF) vient de frapper fort en mettant hors ligne Permislib.fr, une plateforme qui commercialisait des stages fantômes auprès d'automobilistes de la région marseillaise. Ce site faisait partie de ceux qui illustrent les dérives d'un secteur où les sites web douteux prolifèrent.
Des plateformes de récupération de points peu scrupuleuses
La fraude numérique est partout ou presque, et sans grande surprise, elle s'immisce même dans le secteur des stages de récupération de points. Des plateformes web malveillantes appliquent des techniques bien rodées : faux stages inventés de toutes pièces, utilisation frauduleuse des symboles officiels comme la Marianne, et surtout encaissement des paiements sans prestation réelle. Une situation qui a poussé la DGCCRF à agir, ces dernières semaines, après avoir reçu de nombreux signalements de consommateurs floués par des reports et annulations injustifiés de stages déjà payés.
Le ministère de l'Intérieur tente en effet depuis plusieurs années de réguler ce secteur en ligne, avec des résultats jusque-là mitigés. Si une première initiative législative fut bien lancée dès 2012, suivie d'une circulaire détaillée en 2016 visant à contrôler tous les centres de formation en France, force est de constater que les contrôles peinaient depuis à suivre l'évolution rapide des arnaques sur internet. Les fraudeurs s'adaptent toujours plus vite que la réglementation.
Mais un arrêté plus récent, pris en juin 2024, vise spécifiquement à renforcer les sanctions contre ces plateformes frauduleuses. Le ministère revendique avoir procédé à 1 300 contrôles depuis 2022, mais les professionnels du secteur jugent ces mesures encore insuffisantes face à l'ampleur du phénomène. Le syndicat Snica-FO évoque même des contrôles « quasi inexistants » sur le terrain.
La guerre des plateformes fait rage
La situation est d'autant plus complexe que ces sites web jouent un rôle d'intermédiaire entre les 300 centres agréés officiellement en France et les automobilistes en quête de points. Selon Joël Polteau, président du Syndicat national des professionnels du permis à points (SNPAP), ces plateformes se livrent une guerre des prix féroce, qui crée un terreau favorable aux pratiques douteuses et aux offres trompeuses.
La délégation excessive des tâches administratives à ces plateformes en ligne est un problème central. Car de l'inscription jusqu'au paiement, tout passe par ces sites web, qui diluent les responsabilités et compliquent les contrôles. Tout cela pousse certains acteurs comme Actiroute à réclamer un meilleur encadrement du secteur numérique, notamment de la vérification des agréments et des calendriers de formation.
Ces dérives numériques posent aussi la question de la fiabilité des informations en ligne. Les faux stages pullulent sur internet, créés uniquement pour attirer les clients, tandis que les vrais centres peinent à se démarquer dans cette jungle numérique. Un enjeu majeur alors que la demande de stages ne cesse d'augmenter, avec des milliers d'automobilistes cherchant chaque année à récupérer quelques points de permis.
Sources : Préfecture des Bouches-du-Rhône, UFC-Que Choisir