Le monde des extensions pour navigateur n’est pas toujours aussi rose qu’il y paraît. Quand un outil très populaire se retrouve épinglé pour des pratiques ambiguës, l’affaire prend rapidement une tournure inattendue. C’est précisément ce qui se joue avec l’extension Honey, puis avec sa petite sœur Pie Adblock, qui suscitent aujourd’hui de vives réactions.

Pie Adblock banner

Honey est devenu un incontournable pour beaucoup d’internautes souhaitant dégoter des coupons de réduction en un clic. Rachetée à prix d’or par un géant du paiement, la plateforme avait toutes les cartes en main pour continuer à prospérer. Cependant, plusieurs influenceurs et créateurs de contenu ont accusé Honey d’empocher une partie de l’argent généré par leurs propres liens d’affiliation. Ils auraient ainsi perdu une source de revenus, tandis que Honey engrangeait d’importants profits supplémentaires.

PayPal Honey accusé de détourner les revenus d'affiliation
Pour mieux comprendre :
PayPal Honey accusé de détourner les revenus d'affiliation

24 décembre 2024 à 06h49

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Un succès phénoménal… et les ennuis qui vont avec

Ces accusations, tout en entamant la réputation de l’extension, ne semblent pas avoir freiné son fondateur dans son envie de lancer un nouveau produit. C’est là qu’entre en scène Pie Adblock, un bloqueur de publicités qui promet de rémunérer les utilisateurs prêts à regarder un certain nombre de publicités ciblées.

Là où la polémique prend un autre tournant, c’est lorsque Pie Adblock se retrouve soupçonné d’avoir recours à du code libre de droits, issu d’autres bloqueurs de publicités, sans en respecter les conditions de licence. Concrètement, on parle de projets open source distribués sous licence GNU GPL (v3), qui imposent aux développeurs de rendre disponible leur propre code source et de citer clairement les auteurs initiaux.

Pie Adblock, initialement fermé et peu loquace sur ses origines, a fini par publier certains fichiers et reconnaître qu’ils provenaient de solutions déjà existantes. D’après les observateurs techniques, la manœuvre de départ semblait contourner les obligations légales. Cette surprise a jeté un nouveau pavé dans la mare, ravivant le débat sur la fragile frontière entre réutilisation de code libre et appropriation douteuse.

Un modèle économique qui interroge

En prime, on peut s’interroger sur la promesse de rémunérer des utilisateurs simplement pour qu’ils acceptent de visionner quelques publicités. D’où vient l’argent ? Qui paie pour ces affichages publicitaires ? De nombreux internautes y voient une filiation avec Honey, qui revendiquait déjà des partenariats spécifiques avec des marchands et des programmes d’affiliation. Cette fois, Pie Adblock semble jouer sur un mécanisme similaire mais transposé au blocage (ou au filtrage) des publicités classiques.

Le passé un peu trouble de Honey, qui aurait subtilisé des commissions à des influenceurs, n’arrange pas la réputation de ce nouveau venu. Certains craignent qu’il ne s’agisse que d’une autre manière de générer d’importants profits, en masquant sa véritable stratégie derrière de bonnes intentions apparentes.

Face à ces critiques, Pie Adblock a entrepris de publier quelques bribes de code et de s’expliquer sur ses pratiques. Mais le mal est déjà fait : entre code sous licence GPL supposément utilisé de manière cavalière et antécédents d’affiliation jugés abusifs, la défiance est bien installée.

Source : The Register