Le constructeur automobile américain fait face à une vague de défiance chez nos voisins d'outre-Rhin. Plusieurs grandes entreprises abandonnent leurs flottes de véhicules Tesla, protestant contre les prises de position politiques controversées d'Elon Musk.
Après les propriétaires de voitures Tesla, et des investisseurs de la marque, c'est désormais au tour des entreprises allemandes d'afficher leur désaccord pour l'homme d'affaires. Si, dans le cas des possesseurs de Tesla, cela se traduisait de manière plutôt triviale ; quelques autocollants apposés sur leurs véhicules ; pour les sociétés allemandes, c'est une autre paire de manches. Plusieurs d'entre elles ne veulent plus des véhicules du constructeur dans leur flotte professionnelle. Pourquoi ? Parce que Mr. Musk a une petite tendance à s'inviter dans des débats dans lesquels il n'est pas convié.
Les grands groupes sonnent la révolte
Le mouvement a débuté avec Rossmann, l'une des plus importantes chaînes de droguerie européennes. L'entreprise a pris la décision radicale de se séparer de l'intégralité de sa flotte Tesla, privilégiant d'autres constructeurs de véhicules électriques. Un des porte-parole du groupe avait déjà signalé ce souhait dans un communiqué datant de cet été : « Rossmann ne fera plus l'acquisition de nouvelles voitures Tesla pour sa flotte. Cette décision est motivée par l'incompatibilité entre les déclarations d'Elon Musk, PDG de Tesla, et les valeurs que Tesla prétend défendre avec ses produits ».
LichtBlick, un des plus grands fournisseurs d'électricité verte en Allemagne, lui a emboité le pas plus récemment. Les prises de positions de Musk durant les élections américaines ne passent pas. Kevin Lütje, responsable des installations et de l'immobilier, explicite cette décision : « Le soutien d'Elon Musk à Donald Trump et ses recommandations en faveur d'un parti populiste et extrémiste de droite ne correspondent en rien aux valeurs de LichtBlick. Notre engagement pour la diversité, la tolérance et la démocratie nous impose cette rupture. »
Un impact commercial déjà perceptible
Les ventes de Tesla en Allemagne ont littéralement dégringolé, puisqu'elles ont chuté de 41 % en 2024, représentant une baisse de 26 000 unités par rapport à 2023. Si la réduction des incitations à l'achat de véhicules électriques explique partiellement ce recul, la performance des autres constructeurs électriques demeure nettement supérieure.
En plus du soutien affiché à Trump, et de son nouveau poste au DOGE, Musk s'est permis d'intervenir dans la politique intérieure allemande. En effet, les citoyens du pays se rendront aux urnes ; de manière anticipée ; le 23 février prochain pour les élections fédérales (Bundestagswahl 2025). Le PDG de Tesla a appelé à voter, sans trop de surprise, pour l'AfD (Alternative für Deutschland), une organisation qui se présente comme de droite populiste. Le positionnement de ce parti sur l'échiquier politique fait l'objet de débats, certains analystes allemands le situant en dehors de la catégorie de l'extrême droite, généralement associée au néonazisme.
En revanche, d'autres observateurs le qualifient de parti extrémiste, certains membres de celui-ci ayant été proches de cercles néonazis par le passé, des casseroles dont essaye de se défaire l'AfD. À savoir que ce dernier est actuellement situé en deuxième position des intentions de vote pour les prochaines élections (22 % il y a quatre jours).
Le soutien de Musk à l'AfD a provoqué une véritable onde de choc : plus de 60 organisations académiques allemandes et autrichiennes ont lancé un boycott de la plateforme X, mouvement qui s'étend maintenant aux véhicules Tesla.
Face à cette situation, les actionnaires de Tesla pourraient être amenés à prendre des mesures concrètes. Le conseil d'administration, qui a jusqu'ici validé sans réserve les orientations de Musk, fait l'objet d'une attention particulière. Les investisseurs institutionnels, soucieux de préserver la valeur de leurs participations dans un marché européen stratégique, disposent de leviers d'action lors des assemblées générales. Ils peuvent notamment exercer leur droit de vote pour renouveler la composition du conseil, une option de plus en plus évoquée dans les cercles financiers.
Les analystes du secteur automobile anticipent une accentuation de ces tensions en 2025. Les prises de position répétées du milliardaire dans le débat politique, qui se font toujours plus fréquentes, risquent d'éroder davantage la réputation de la marque.
Source : Electrek