L’application de messagerie sécurisée introduit une synchronisation historique entre appareils, un pas de géant pour l’écosystème multiplateforme. Mais cette avancée technique soulève des questions sur l’équilibre entre praticité et protection des données.
Jusqu’ici, relier un nouvel appareil effaçait toute trace des conversations passées. Désormais, messages textuels, pièces jointes récentes et métadonnées (réactions, appels, confirmations de lecture) suivent l’utilisateur d’un périphérique à l’autre. Une révolution discrète, mais cruciale pour rivaliser avec WhatsApp ou Telegram.
- Riche en fonctionnalités
- Open source
- Sécurisée
Une prouesse technique sous contrainte
Ce transfert s’effectue via un chiffrement de bout en bout renforcé : l’appareil principal génère une archive compressée et chiffrée, transmise de manière sécurisée sans transiter par les serveurs de Signal. « Vos données restent sous votre contrôle exclusif », insiste l’éditeur dans un billet de blog technique. Un mécanisme complexe qui explique le retard pris par cette fonctionnalité longtemps réclamée.
Le défi consistait à synchroniser des millions de messages sans stocker de clés de déchiffrement. Contrairement à ses concurrents, Signal n’a jamais conservé d’historique non chiffré sur ses serveurs. La solution ? Un chiffrement AES-256 à usage unique, généré aléatoirement pour chaque transfert. L’archive inclut les 45 derniers jours de médias – photos, vidéos ou documents. Au-delà, seuls les liens vers ces fichiers persistent, supprimés automatiquement après expiration.
L’État français dans le viseur
La récente compatibilité native avec Windows ARM, annoncée fin 2024, complète ce tableau. En optimisant les performances sur les PC Snapdragon X, Signal établit une stratégie d’écosystème cohérente, où chaque maillon (mobile, desktop, tablette) bénéficie désormais d’une expérience unifiée.
Reste la question centrale : ce confort accru menace-t-il le principe de confidentialité cher à Signal ? L’éditeur se défend en rappelant que les clés de déchiffrement sont immédiatement détruites après usage. « Aucune trace ne subsiste, ni sur les appareils, ni dans le cloud », martèle un ingénieur de l’équipe.
Pourtant, certains puristes déplorent une complexification inutile. La synchronisation multiplateforme nécessite en effet davantage d’interactions avec les serveurs, même si celles-ci restent chiffrées. Un compromis assumé pour coller aux usages modernes, alors que 72 % des utilisateurs professionnels jonglent entre trois appareils minimum.
Signal prépare déjà la suite : des sauvegardes cloud chiffrées annoncées pour 2025, et des identifiants uniques dissociant numéro de téléphone et compte. Les puristes inquiets de la direction que prend le leader de la vie privée pourront se rabattre sur Olvid ou Threema.
Source : Signal