Le Mexique conteste la décision de Google Maps de renommer le golfe du Mexique en « golfe d'Amérique » pour les utilisateurs américains, à la suite d'un décret de Donald Trump. La présidente mexicaine Claudia Sheinbaum demande à l'entreprise de revenir sur ce changement qu'elle juge illégal, selon le droit maritime international.

Donald Trump veut rebaptiser le golfe du Mexique en golfe d'Amérique © Kenneth Arrieta Alfaro / Shutterstock
Donald Trump veut rebaptiser le golfe du Mexique en golfe d'Amérique © Kenneth Arrieta Alfaro / Shutterstock

Entre le Mexique et les États-Unis, il y a de l'eau dans le gaz, ou plutôt du gaz dans le golfe, celui que se partagent les deux pays, actuellement appelé golfe du Mexique. Entre les deux, on trouve Google Maps, qui se retrouve malgré lui au sein d'un conflit diplomatique émergent.

Le service de cartographie, utilisé par 2 milliards d'utilisateurs mensuels, a appliqué un décret de Donald Trump qui rebaptise cette étendue d'eau en « golfe d'Amérique ». Cette modification, uniquement visible pour les utilisateurs américains, a déclenché une réaction officielle du gouvernement mexicain. La présidente Claudia Sheinbaum a adressé une lettre à Google pour contester cette décision en invoquant le droit maritime international. Ambiance.

Une bataille juridique autour d'une mer internationale

Le gouvernement mexicain appuie son opposition sur la Convention des Nations unies, notamment au sujet du droit de la mer. Selon ce texte, la souveraineté d'un pays ne peut s'étendre au-delà de 12 milles marins de ses côtes. Le Mexique affirme donc que les États-Unis n'ont pas l'autorité légale pour modifier le nom d'une étendue d'eau internationale. Google justifie sa position en expliquant suivre « les sources officielles » gouvernementales pour les modifications de noms géographiques.

Cette situation a conduit Google à placer les États-Unis sur une liste spéciale, aux côtés de pays comme l'Iran, la Russie et Israël. Cette liste regroupe les territoires nécessitant un traitement particulier en raison de noms de lieux ou de frontières variables. Le Mexique a également rejoint cette catégorie après le décret de Trump.

La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum Pardo, conteste la décision de Google et le décret de Donald Trump © Octavio Hoyos / Shutterstock
La présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum Pardo, conteste la décision de Google et le décret de Donald Trump © Octavio Hoyos / Shutterstock

Les réponses diplomatiques et techniques de Google

Pour éviter d'être tenue responsable d'une crise diplomatique, Google a décidé de couper la poire en deux et de ménager la chèvre et le chou. Techniquement, le nouveau nom n'apparaît que pour les utilisateurs situés aux États-Unis. Pour le reste du monde, l'appellation historique « golfe du Mexique » perdure. Cette approche régionalisée n'est pas nouvelle pour Google Maps, qui applique déjà des règles similaires pour d'autres territoires contestés, comme dans le cas de Taïwan pour les utilisateurs chinois.

La présidente mexicaine a répondu avec ironie à cette situation en suggérant que le Mexique pourrait demander à Google d'autres modifications cartographiques, notamment de faire apparaître « l'Amérique mexicaine » sur les cartes. Elle a également proposé de renommer l'Amérique du Nord en « América Mexicana » dans son pays. Le décret présidentiel américain ne se limite pas au golfe du Mexique : il prévoit également le changement de nom du mont Denali en mont McKinley (son ancien nom jusqu'en 2015).

Voilà qui va tendre davantage les relations déjà fraîches entre Google et l'administration Trump. Le président américain avait déclaré qu'Alphabet, la société mère de Google, était « proche de la fermeture », dans le cadre d'une enquête antitrust visant à démanteler certaines de ses activités.

Source : BBC