Elon Musk a tenté un coup de maître en proposant 97,4 milliards de dollars pour reprendre le contrôle d'OpenAI. Une offre qui cache des détails techniques inédits et un bras de fer juridico-financier avec Sam Altman.

Décryptage des dessous de cette bataille d'influence au sommet de l'intelligence artificielle. © Shutterstock
Décryptage des dessous de cette bataille d'influence au sommet de l'intelligence artificielle. © Shutterstock

Derrière les déclarations fracassantes se cache une stratégie minutieuse. La lettre d'intention rendue publique mercredi révèle des éléments clés qui éclairent les véritables enjeux de cette prise de contrôle avortée.

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L'ultimatum était posé

Le consortium mené par Musk a posé un ultimatum : réponse avant le 10 mai 2025. Une date butoir assortie d'exceptions si OpenAI rejette formellement l'offre ou conclut un accord plus tôt. Une tactique classique pour forcer une décision rapide, malgré les dénégations publiques d'Altman.

Les conseils d'administration ont l'obligation légale d'étudier sérieusement toute offre crédible. Preuve de cette complexité : OpenAI n'avait toujours pas officiellement rejeté la proposition trois jours après son annonce. L'offre se distingue par son mode de financement intégralement cash. Une rareté pour Musk, habitué aux montages financiers complexes comme lors du rachat de Twitter. Le consortium inclut des fonds comme 8VC et Vy Capital, mais laisse planer le mystère sur d'autres investisseurs.

Logo OpenAI. © Shutterstock

Le processus de vérification exigeait un examen approfondi des informations confidentielles d'OpenAI. Cela incluait les documents financiers, les systèmes techniques et des entrevues avec le personnel. Cette demande semblait ordinaire. Cependant, elle soulevait des inquiétudes car Musk dirige xAI, une entreprise rivale.

Le paradoxe juridique

Cette tentative de rachat crée une contradiction majeure. Musk poursuit OpenAI en justice pour empêcher sa conversion en entreprise à but lucratif... tout en proposant d'acheter ses actifs. Les avocats d'OpenAI y voient « une tentative inappropriée de saper un concurrent ».

« Le milliardaire joue sur deux tableaux : bloquer la mutation structurelle tout en positionnant son groupe comme repreneur potentiel », analyse un spécialiste du droit des sociétés. Une stratégie à double tranchant qui pourrait affaiblir sa position devant les tribunaux.

Avec une valorisation potentielle d'OpenAI approchant les 300 milliards de dollars, l'offre de Musk apparaît sous-évaluée. Un écart qui explique le rejet catégorique d'Altman, parlant de « tactique pour nous déstabiliser ». La contre-proposition ironique du PDG d'OpenAI - racheter X (ex-Twitter) pour 9,74 milliards - souligne le climat de tension personnel entre les deux hommes. Un conflit qui remonte à leur collaboration avortée en 2018, quand Musk avait quitté l'organisation pour désaccords stratégiques.

Alors que Musk conditionne son retrait au maintien du statut non lucratif, OpenAI poursuit sa transformation structurelle. Le projet Stargate, partenariat avec Microsoft et Oracle, illustre cette nouvelle orientation : 500 milliards de dollars investis sur cinq ans dans des infrastructures cloud dédiées à l'IA.

Source : Tech Crunch