L'Union européenne a dévoilé, vendredi, un plan musclé pour sécuriser ses câbles sous-marins, après une série d'incidents préoccupants qui ont affecté les communications et l'approvisionnement énergétique de plusieurs États membres de la zone.

Plusieurs navires, certains chinois, sont soupçonnés d'avoir endommagé plusieurs câbles sous-marins en mer Baltique ces derniers mois © Dmitri T / Shutterstock
Plusieurs navires, certains chinois, sont soupçonnés d'avoir endommagé plusieurs câbles sous-marins en mer Baltique ces derniers mois © Dmitri T / Shutterstock

Ces dernières semaines, les incidents se sont multipliés en mer Baltique, avec pas moins de sept câbles sous-marins endommagés ou sectionnés en l'espace de trois mois. Ces menaces croissantes sur des infrastructures critiques transportant 99% du trafic internet intercontinental, qui assurent aussi l'approvisionnement énergétique de l'Europe, inquiètent le Vieux continent.

Ce vendredi 21 février 2025, une délégation de la Commission européenne réunie à Helsinki a présenté toute une série de mesures d'envergure pour renforcer la protection et la sécurité des câbles sous-marins.

Une task force européenne contre les menaces sous-marines

En première ligne, la Commission européenne a évoqué un renforcement drastique des exigences de sécurité et une surveillance accrue, notamment en mer Baltique et en Méditerranée. Ces mesures préventives vont s'accompagner d'investissements conséquents dans le déploiement de câbles nouvelle génération, plus intelligents et dotés de systèmes de redondance sophistiqués.

L'Union mise également sur la dissuasion, avec un arsenal de sanctions diplomatiques ciblant les acteurs hostiles et la « flotte fantôme » utilisée pour contourner les restrictions internationales. Cette approche intègre d'ailleurs une dimension diplomatique innovante, baptisée « cable diplomacy ». Elle vise à construire des partenariats solides avec les alliés internationaux pour une protection coordonnée de ces infrastructures vitales.

La création d'un groupe d'experts dédié, devant réunir les États membres et l'Agence européenne pour la cybersécurité (ENISA), vient compléter ce dispositif. Cette task force aura pour mission d'évaluer en temps réel les menaces et de coordonner les réponses aux incidents. L'idée est d'aboutir à une réaction à la fois plus rapide et plus efficace.

L'Europe muscle sa cybersécurité sous-marine

Ce plan d'action se déploiera par phases entre 2025 et 2026, et il n'est pas dénué d'ambition. D'ici fin 2025, une cartographie exhaustive des infrastructures existantes et planifiées sera réalisée, accompagnée d'une évaluation coordonnée des risques. L'initiative s'accompagnera de la création d'une sorte de « boîte à outils » qui regroupera les mesures d'atténuation à appliquer et une liste des projets câbliers prioritaires d'intérêt européen.

Cette stratégie de protection des câbles sous-marins fait partie d'un plan plus global symbolisé par le Cyber Resilience Act, entré en vigueur en décembre 2024, et la directive NIS2, qui harmonise la cybersécurité dans 18 secteurs critiques. Le dispositif prévoit également un mécanisme d'urgence cyber, établi par le Cyber Solidarity Act, pour renforcer la capacité de l'UE à détecter et contrer les menaces émergentes.

Et ensuite, vous demandez-vous ? La mise en œuvre de ces mesures sera supervisée par la Commission européenne et le Haut Représentant, en étroite collaboration avec les États membres et l'ENISA, l’Agence de l'Union européenne pour la cybersécurité. Voilà en tout cas une approche coordonnée qui témoigne de la détermination européenne à protéger ses infrastructures critiques. Un début de réponse, dans un contexte géopolitique global toujours plus tendu.

Meta va construire le plus long cable sous-marin au monde
À découvrir
Meta va construire le plus long cable sous-marin au monde

17 février 2025 à 15h41

News