Une fusée allemande s'apprête à écrire l'histoire spatiale européenne. Après des années de dépendance, l'Europe occidentale pourrait enfin accéder à l'orbite basse sans recourir à Kourou ou à SpaceX.

© Isar Aerospace
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Rocket Factory Augsburg (RFA) prépare un lancement orbital depuis les îles Shetland, une première hors de Guyane française. Ce décollage, prévu au troisième trimestre 2025, intervient dans un contexte de course contre la montre face aux géants américains. L'enjeu ? Redéfinir la souveraineté spatiale européenne.

Un pari technologique à haut risque

La fusée RFA One mesure 30 mètres pour 130 tonnes de poussée, capable d'emporter 1,3 tonne en orbite héliosynchrone. Son étage supérieur Redshift OTV intègre un système de propulsion réallumable, une technologie clé pour le déploiement précis de satellites. Le premier étage, équipé de 9 moteurs Helix à kérosène, a connu un échec lors d'un test statique en août 2024. « Nous reconstruisons l'étage avec des améliorations structurelles », explique un ingénieur sous couvert d'anonymat. Les essais moteurs se poursuivent au centre spatial d'Esrange, en Suède.

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Avec 19 lancements réussis dès février 2025, SpaceX domine toujours le marché. Le RFA One affiche pourtant des arguments : coût annoncé à 15 millions d'euros par vol, contre 67 millions pour une Falcon 9. La charge utile reste cependant 5 fois inférieure. « L'Europe doit combler son retard dans les microlanceurs », souligne Anna Christmann, coordinatrice allemande pour l'espace. Berlin a injecté 95 millions d'euros supplémentaires en décembre 2024 dans RFA et ses concurrents Isar Aerospace/HyImpulse.

« Ce lancement n'est qu'une première étape », tempère Jörn Spurmann de RFA. La startup planche déjà sur une version réutilisable de son lanceur, visant une entrée en service vers 2028. Alors que l'ESA finalise Ariane 6, cette initiative privée ouvre une nouvelle voie pour l'Europe. Le décollage des Shetland sera scruté bien au-delà du Vieux Continent : un échec rappellerait l'épopée ratée de Virgin Orbit en 2023, un succès redessinerait la carte spatiale mondiale.

Source : Ars Technica