Le 19 août, le premier étage de la fusée allemande RFA-One devait pour la première fois allumer simultanément ses 9 moteurs-fusées Helix en prévision de son décollage avant la fin de l’année. Malgré les précautions, l’explosion d’une turbopompe et un incendie ont détruit l’étage, sur le site basé aux îles Shetlands.
La start-up allemande Rocket Factory Augsburg (que l’on appelle communément RFA), basée non loin de Munich, est l’une des plus avancées du secteur du « NewSpace » européen. Ces constructeurs de fusées privés, aidés par les États et stimulés par la réussite des acteurs américains tels que SpaceX ou Rocket Lab, ont les dents longues, d’autant que tous les économistes sont d’accord là-dessus : il n’y aura pas de place pour tout le monde.
Résultat : être l’une des premières start-up européennes à envoyer son lanceur vers l’orbite est un enjeu capital. RFA en est proche : les tests au sol de ses moteurs Helix sont concluants, le 2e étage a passé ses essais en Suède, les coiffes sont en production, et le premier étage était depuis le printemps dernier sur le futur site de lancement à Saxavord, dans les îles Shetland (un lieu qui accueille aussi les Français de Latitude). Ce premier étage, destiné au vol, avait été testé avec succès avec 4 moteurs en mai, et testait pour la première fois sa configuration finale à 9 moteurs ce 19 août. Mais l’essai a tourné court après une explosion, et l’étage est détruit.
Quand un moteur prend feu…
Rocket Factory Augsburg, dans un superbe exercice de transparence, a publié les images de son essai, tandis que le cofondateur de l’entreprise (et responsable opérationnel) Stefan Brieschenk a livré les premières conclusions de l’enquête sur X.com (Twitter) dès le 23 aout. Selon l’entreprise, 8 des 9 moteurs se sont allumés correctement, mais l’un de ceux en fonctionnement a souffert d’un incident dramatique, un feu qui a pris dans la pompe à oxygène du système de turbopompe du moteur Helix.
Détruisant en une première explosion une partie du moteur, l’incendie n’a pu être contenu et s’est rapidement propagé aux moteurs voisins : en à peine plus d’une minute, le bas de l’étage était ravagé par les flammes et la fine structure s’est rapidement effondrée. RFA, qui a étudié les débris et poursuit l’analyse des données, a néanmoins souligné que le site d’essai a très bien résisté à cette catastrophe, il y aura peu de travaux de réparation. La start-up compte cependant installer un système de suppression de feu plus efficace et un déluge plus important.
Tout est à refaire ?
Envisagé d’ici l’automne, le décollage inaugural du lanceur RFA-One ne pourra désormais avoir lieu avant 2025… Mais toute l’équipe dirigeante pousse pour terminer au plus vite un deuxième exemplaire de l’étage principal pour l’amener à son tour à Saxavord. Il s’agit de ne pas perdre de temps face à la concurrence et de régler les problèmes de jeunesse du moteur Helix !
S. Brieschenk a expliqué que le design du moteur n’était pas remis en cause, et que l’étage en production dispose déjà de 100 améliorations par rapport à celui qui s’est consumé aux Shetlands. À l’avenir, la base du lanceur sera également renforcée et isolée de façon à ce que RFA-One puisse subir la perte d’un moteur au cours de sa montée vers l’orbite sans conséquence majeure. La prochaine étape sera plus terre à terre : il va falloir reproduire l’essai de mise à feu avec 9 moteurs et montrer aux investisseurs et à la concurrence que la fusée est prête.
Source : X.com