Malgré des résultats très limités pour le moment, la pépite du spatial espagnol place la barre très haut pour ses ambitions futures. Des dizaines de décollages de la future fusée Miura 5, une future Miura Next réutilisable et des versions plus imposantes encore, sans oublier une capsule habitée d'ici la fin de la décennie.
Le bureau de recherche et développement de PLD Space, installé à Elche (sud-est de l'Espagne) n'a pas ménagé ses efforts. Ce 7 octobre, lors d'une présentation très attendue, l'entreprise qui est désormais l'une des plus anciennes du NewSpace européen, a dévoilé ses plans pour l'avenir à moyen et long terme. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les objectifs sont ambitieux, très ambitieux ! Suffisamment même pour faire de PLD un « SpaceX européen », s'ils se concrétisent.
D'abord, la firme travaille sur son premier lanceur orbital, Miura 5. Celui-ci devrait arriver pour ses derniers tests au Centre spatial guyanais en fin d'année prochaine, pour un décollage inaugural début 2026. Ensuite ? 6 décollages cette année-là, 11 l'année suivante, jusqu'à une trentaine pour la fin de la décennie. Et pour assurer un tel rythme, PLD Space mise sur la récupération et la réutilisation de ses boosters à partir de 2028. Avec parachutes d'abord (l'entreprise a déjà testé sa méthode) et par atterrissage propulsif ensuite.
Miura Next, turbo 6V TDI, jantes alu
Mais les Espagnols ne souhaitent pas s'arrêter en si bon chemin. L'entreprise a dévoilé une nouvelle génération de lanceurs orbitaux, appelée Miura Next. Cette dernière vient directement se placer en remplaçante d'Ariane 6, avec trois versions différentes. Une première, destinée à l'orbite basse, sera capable d'y emporter entre 4,5 et 13 tonnes (versions réutilisables ou « jetables »).
La deuxième, adaptée aux besoins des satellites des orbites plus hautes, pourra emporter jusqu'à 36 tonnes en orbite, c'est la Miura Next Heavy, avec deux boosters supplémentaires. Et PLD Space a déjà anticipé des besoins pour des sondes interplanétaires et autres missions lunaires, avec une Miura Next Super Heavy et ses 4 boosters auxiliaires, aux performances s'approchant de celles de Falcon Heavy. Ces versions sont attendues entre 2030 et 2033, seront adaptées à plusieurs sites de lancement et font la part belle au réutilisable.
Un grand pari sur l'avenir
PLD Space est allée encore plus loin en présentant Lince (Lynx), une future capsule habitable destinée à décoller avec Miura Next, présentant au public un « véritable modèle d'ingénierie ». On l'aura compris, PLD Space ne compte pas s'arrêter de sitôt ! Pour autant, malgré des levées de fonds convaincantes jusqu'ici (en particulier 150 millions d'euros grâce au gouvernement espagnol), l'entreprise a encore tout à prouver, et ce, après 13 années d'existence.
Le développement du démonstrateur Miura 1 fut si long qu'il a failli coûter sa survie à la start-up, et son unique décollage a atteint 46 kilomètres d'altitude… Pas de quoi, en théorie, soutenir qu'il s'agissait d'un vol suborbital (80 kilomètres au moins). Le deuxième exemplaire de Miura 1, qui était prêt en 2023, ne sera apparemment pas destiné à décoller, l'entreprise expliquant qu'elle a toutes les données nécessaires pour passer à Miura 5. Son fondateur, Raúl Torres, explique qu'il ne souhaite pas de nouvelles levées de fonds, simplement des contrats de lancement. Dès lors, il ne faudra pas décevoir…
Source : La Tribune