Une simple question pourrait suffire à faire reculer les démarcheurs téléphoniques : « Comment avez-vous eu mon numéro ? » Cette astuce, qui fait le buzz sur les réseaux sociaux, s'appuie en réalité sur une obligation légale.

Le démarchage téléphonique est un fléau qui touche toujours la quasi-totalité des Français. Alors qu'une proposition de loi visant à encadrer cette pratique sera examinée à l'Assemblée nationale le 6 mars prochain après avoir déjà été adoptée par les sénateurs, une astuce fait le tour du web : poser une simple question qui mettrait les démarcheurs dans l'embarras. Mais qu'en est-il vraiment de son efficacité ?
Une astuce anti-démarchage téléphonique qui s'appuie sur la réglementation
La question « Comment avez-vous eu mon numéro ? » n'est pas qu'une simple formule magique. Car elle s'appuie sur l'article 14 du Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), qui impose aux entreprises de justifier précisément l'origine des données personnelles qu'elles utilisent. Le démarcheur a donc l'obligation légale de répondre.
Cette obligation place souvent les centres d'appel dans une situation délicate. Sur Reddit, plusieurs démarcheurs témoignent de leur embarras face à cette question. Certains admettent contourner la réponse, d'autres préfèrent raccrocher plutôt que de devoir justifier l'origine des données, parfois obtenues de manière peu transparente.
Les retours d'expérience des utilisateurs sont, eux, variables. Si certains rapportent que la question met rapidement fin à l'appel et permet d'être retiré des listes de prospection, d'autres constatent que les démarcheurs persistent ou donnent des réponses évasives comme « nous utilisons des listes commerciales », une justification un poil vague, effectivement.
Vers une meilleure protection contre le démarchage
Les numéros de téléphone peuvent être obtenus légalement, en se basant sur des annuaires publics ou avec le consentement des utilisateurs. Mais comme l'explique l'avocat Antoine Chéron, spécialiste en droit de la propriété intellectuelle à nos confrères de Libération, il existe aussi des circuits moins transparents. Certains s'appuient sur des bases de données piratées, font de l'extraction automatique sur le web, ou se livrent à des achats sur le dark web.
Une proposition de loi, portée par le sénateur Pierre-Jean Verzelen, pourrait changer la donne. Le texte, qui est déjà passé par le Sénat, prévoit d'inverser la logique actuelle. Autrement dit, plutôt que de considérer chaque Français comme consentant par défaut, les entreprises devront obtenir un accord explicite avant tout démarchage. Ce serait une vraie révolution qui pourrait réduire significativement les appels indésirables.
La probable future loi prévoit en outre une augmentation des amendes pour les démarcheurs abusifs, la suspension ou le retrait des autorisations de prospection et un dispositif renforcé de contrôle. L’obligation de respecter les listes d’opposition sera strictement appliquée, et des vérifications accélérées par les autorités seront mises en œuvre.
En attendant l'adoption éventuelle de cette loi, les consommateurs peuvent signaler les abus à la CNIL et via l'application Signal Conso. L'association P.U.R.R (Pour un RGPD Respecté) encourage d'ailleurs les utilisateurs à le faire systématiquement, même si les sanctions restent encore trop rares.