Dans un document stratégique publié récemment, Eric Schmidt et ses co-auteurs s'opposent fermement à l'idée d'un « Projet Manhattan pour l'intelligence artificielle », arguant qu'une telle initiative pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la scène internationale.

L'ancien patron de Google, Eric Schmidt, tire la sonnette d'alarme : la compétition effrénée dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA) pourrait bien mener à des tensions internationales majeures. Pour éviter le chaos, il appelle à une coopération mondiale immédiate.
Une nouvelle Guerre Froide technologique ?
L'intelligence artificielle est au cœur de toutes les stratégies. Des géants de la tech aux gouvernements, chacun veut sa part du gâteau, conscient du potentiel disruptif de cette technologie. Mais cette course à la puissance, notamment entre les États-Unis et la Chine, inquiète de plus en plus les experts. Eric Schmidt, figure influente de la Silicon Valley et ancien P.-D.G. de Google, n'hésite pas à exprimer publiquement ses préoccupations quant aux risques géopolitiques liés à cette compétition exacerbée.
Schmidt, qui a déjà par le passé alerté sur les dangers d'une utilisation malveillante de l'IA, met en garde contre une logique de « projet Manhattan » appliquée à l’Intelligence Artificielle Générale (AGI). Pour rappel, le projet Manhattan fut le nom de code du programme américain de recherche et développement durant la Seconde Guerre mondiale qui aboutit à la création de la première bombe atomique. L'idée d'une mobilisation massive et ultra-rapide des ressources pour dominer l'IA pourrait sembler séduisante, mais Schmidt y voit un chemin potentiellement dangereux. Il craint que cette approche unilatérale, centrée sur la suprématie nationale, ne débouche sur une crise mondiale.
26 février 2025 à 06h39
Pour l'ancien dirigeant, la solution ne réside pas dans une course effrénée, mais plutôt dans la collaboration et la mise en place de normes internationales. Dans une récente intervention, il a souligné l'importance de travailler de concert avec d'autres nations pour encadrer le développement de l'IA et éviter les dérapages. Il insiste sur la nécessité d'une approche multilatérale pour gérer les enjeux éthiques, sécuritaires et sociétaux soulevés par cette technologie. Cette vision contraste fortement avec le climat actuel, marqué par une rivalité grandissante entre les grandes puissances.
Les États-Unis en tête de la course, mais à quel prix ?
Les États-Unis sont aujourd'hui en position de force dans le domaine de l'IA. Les entreprises américaines dominent largement le marché, et le pays bénéficie d'un écosystème d'innovation très dynamique. Cette avance technologique est perçue comme un atout stratégique majeur, notamment face à la montée en puissance de la Chine. La tentation est donc forte pour Washington de vouloir conserver ce leadership à tout prix, et l'annonce récente du projet Stargate indique que l'hégémon ne compte pas reculer de si tôt.
Cependant, cette volonté de domination pourrait se retourner contre les États-Unis et le reste du monde. En se focalisant uniquement sur la compétition et la course à la performance, le risque est de négliger les aspects cruciaux de la sécurité et de la coopération internationale. Schmidt n'est pas le seul à exprimer ces craintes. De nombreux experts appellent à un débat public et à une régulation accrue pour encadrer le développement de l'IA et prévenir les conflits.
L'appel d'Eric Schmidt à une coopération mondiale résonne comme un avertissement face aux dangers d'une course à l'IA non maîtrisée. Alors que les avancées technologiques s'accélèrent, la question de la gouvernance de l'IA devient de plus en plus urgente. Saurons-nous saisir cette opportunité pour construire un avenir plus sûr et plus collaboratif ? L'avenir nous le dira.
Source : Tech Crunch