Selon Europol, l'IA transforme les pratiques du crime organisé. Les criminels exploitent des technologies de plus en plus sophistiquées pour commettre des crimes, notamment dans les domaines de la pédopornographie, du blanchiment d'argent et de la cybercriminalité.

© T. Schneider / Shutterstock
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Le rapport de l'EU-SOCTA 2025 d’Europol, publié ce 18 mars, est sans appel. L'IA est devenue l'arme préférée des cybercriminels. Des activités illégales telles que la création de contenus pédopornographiques, le blanchiment d'argent via les cryptomonnaies et la cybercriminalité sont particulièrement concernées.

Le gendarme européen prévient également sur l'émergence de l'informatique quantique, qui pourrait accroître les activités malveillantes. De nouveaux outils détournés qui rendent les réseaux criminels plus transnationaux et plus difficiles à combattre.

L’utilisation de l’IA par les criminels redéfinit les méthodes du crime organisé

L’IA joue désormais un rôle central dans les opérations criminelles en Europe. C'est ce que rapporte L’EU-SOCTA qui l'identifie comme un outil puissant utilisé par les cybercriminels pour automatiser et étendre leurs activités.

Par exemple, des images de nature pédopornographique peuvent être générées à l’aide de l’IA, ce qui complique davantage les efforts pour stopper ces crimes. L'IA permet aussi de produire des photos truquées, comme des images d'adultes rajeunies, rendant plus difficile pour les autorités d'enquêter et de prévenir de tels abus.

Les groupes criminels exploitent la polyvalence de l’IA pour étendre leurs activités à l’échelle mondiale. L'IA générative permet aux criminels d'atteindre des victimes dans plusieurs langues et dans des régions éloignées. Cette capacité de ciblage mondial ouvre de nouvelles avenues pour les activités criminelles, notamment pour les escroqueries en ligne et les réseaux de trafic de personnes. De plus, l'utilisation d'outils numériques complexes rend plus difficile pour les autorités de suivre les flux financiers et de saisir les actifs illégaux, notamment à travers les cryptomonnaies. Le blanchiment d'argent et le transfert de fonds mal acquis sont facilités par des technologies de plus en plus anonymes et sécurisées.

Europol alerte aussi sur l’émergence de technologies comme l’informatique quantique, qui pourrait casser les systèmes de chiffrement existants et craint que cette évolution puisse ouvrir la voie à des réseaux criminels entièrement dirigés par des intelligences artificielles autonomes. Ces développements entraînent une évolution rapide du crime organisé, où les criminels ne se contentent plus d’exploiter des failles existantes, mais inventent de nouvelles méthodes pour dissimuler et faire prospérer leurs activités.

Catherine De Bolle, directrice exécutive d'Europol, souligne : « L'ADN même du crime organisé est en pleine mutation. Les réseaux criminels sont devenus des entreprises criminelles mondiales, portées par la technologie, exploitant les plateformes numériques, les flux financiers illicites et l’instabilité géopolitique pour étendre leur influence ».

Un vrai défi pour les autorités européennes, qui doivent constamment réajuster leurs stratégies pour contrer des attaques de plus en plus sophistiquées.

© Alexandros Michailidis / Shutterstock
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La numérisation a facilité la mondialisation du crime organisé

L'Internet et les technologies numériques sont devenus des instruments incontournables pour les activités illicites, de la même manière que nous l'utilisons tous les jours pour nos activités légales.

Le rapport d'Europol souligne que presque toutes les formes de criminalité grave sont désormais associées à une dimension numérique. De la cybercriminalité, comme les rançongiciels, au trafic de drogues et à l’exploitation sexuelle des enfants, la plupart des crimes organisés exploitent des plateformes en ligne pour étendre leur portée et dissimuler leurs activités.

Les réseaux criminels se servent de ces plateformes pour échanger des données sensibles, faciliter des transactions illicites, et même mener des campagnes de désinformation. Ces activités sont de plus en plus difficiles à détecter et à contrer. Le blanchiment d’argent est particulièrement facilité par l’utilisation de technologies comme la blockchain et les cryptomonnaies. Selon Europol, cette dématérialisation des actifs permet aux criminels de déplacer des fonds de manière quasi invisible, rendant leur traçabilité plus complexe et leur saisie encore plus difficile.

Source : Europol