Google a supprimé les actualités européennes des résultats de recherche pour 1% des utilisateurs dans huit pays européens pendant deux mois et demi. Ce test, demandé par les éditeurs et régulateurs, devait évaluer l'impact économique du contenu d'actualité. Les résultats montrent une baisse minimale d'utilisation et aucun effet sur les revenus publicitaires.

Entre novembre 2024 et janvier 2025, Google a conduit une expérimentation d'envergure dans huit pays européens pour mesurer l'importance réelle des contenus d'actualités dans son écosystème. Cette étude, menée auprès de 1% des utilisateurs en Belgique, Croatie, Danemark, Grèce, Italie, Pays-Bas, Pologne et Espagne, consistait à supprimer complètement les résultats provenant de 13 409 domaines identifiés comme « publications de presse » au sens de l'article 15 de la directive européenne sur le droit d'auteur (EUCD). La France avait, quant à elle, décidé de suspendre ce test.
Paul Liu, directeur économique chez Google et auteur du rapport, précise que cette expérience répondait aux demandes écrites des régulateurs et éditeurs européens souhaitant obtenir des données sur « l'effet du contenu d'actualité dans la Recherche sur l'utilisation des produits Google et sur la valeur économique de ce contenu pour Google ». L'entreprise a utilisé la méthode de l'essai contrôlé randomisé, considérée comme la référence en matière d'évaluation d'impact.
La suppression des actualités n'a qu'un impact marginal sur l'utilisation des services Google
Premier constat important, les résultats du test démontrent que l'absence d'articles de presse dans les résultats de recherche n'affecte que marginalement le comportement des utilisateurs. La baisse d'utilisation quotidienne de Google Search s'établit à seulement 0,77% sur les quatre dernières semaines de l'expérience. L'impact sur Google Discover est quant à lui plus prononcé avec une diminution de 5,47% des utilisateurs actifs quotidiens, tandis que Google News n'enregistre aucun changement statistiquement significatif.
Ces chiffres varient légèrement selon les pays étudiés. L'Espagne affiche la plus forte baisse d'utilisation de Search avec -1,11%, alors que les Pays-Bas ne perdent que 0,04% d'utilisateurs. Pour Discover, la Belgique montre la diminution la plus marquée avec -9,91% d'utilisateurs actifs quotidiens.
Le rapport précise que le test a bien fonctionné techniquement, avec une réduction de 97% des impressions et des clics sur les domaines de presse ciblés. Les contenus supprimés ont été remplacés par d'autres sources, principalement YouTube, Infobae, Facebook, Wikipedia et Pinterest, qui ont vu leur trafic augmenter en conséquence.
Les revenus publicitaires de Google restent stables malgré l'absence d'actualités
Plus surprenant encore, malgré la suppression des actualités et la légère baisse d'utilisation, Google n'a enregistré aucune diminution de ses revenus publicitaires liés aux recherches. « Les utilisateurs continuent d'utiliser Google pour des requêtes plus commerciales même s'ils l'utilisent moins pour les requêtes d'actualités », explique le rapport.
Les analyses détaillées montrent que l'impact sur les revenus publicitaires de Search est statistiquement nul (+0,02%), que ce soit globalement ou par pays. Là encore, seul Discover subit une baisse significative de 2,03% de ses revenus publicitaires, mais cette plateforme ne représente qu'une part modeste des recettes totales de Google.
L'étude a également examiné les effets potentiels sur d'autres services comme AdSense for Search, Google Maps, YouTube ou les publicités sur sites tiers. Aucun changement significatif n'a été observé sur ces plateformes. Au total, l'impact sur l'ensemble de « l'écosystème Google » est évalué à -0,03%, un chiffre statistiquement indistinguable de zéro.
Google adopte un ton factuel mais ferme dans son rapport, mentionnant avoir constaté de nombreux « rapports inexacts » qui « surestiment largement la valeur du contenu d'actualité pour Google » lors des négociations précédentes avec l'UE sur les droits d'auteur. Ces résultats pourraient peser dans les futures discussions avec les éditeurs de presse concernant la rémunération des contenus journalistiques.
On notera enfin que le test ne mesure toutefois que les effets à court terme. L'impact d'une absence prolongée de journalisme de qualité dans les résultats de recherche pourrait différer sur une période plus longue. Les utilisateurs auraient pu, à terme, se tourner davantage vers les réseaux sociaux ou d'autres moteurs de recherche non affectés par ces restrictions.