La nouvelle taxe de solidarité sur les billets d'avion frappe le secteur aérien français de plein fouet, avec déjà 300 vols annulés par Ryanair à Marseille pour la saison estivale 2025. Ce n'est qu'un début.

Depuis le 1er mars, la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) a considérablement augmenté en France, en passant de 2,63 euros à 7,40 euros en classe économique pour les vols dans l'Union européenne. En conséquence, Ryanair, première compagnie low-cost européenne, a déjà annulé 300 vols à l'aéroport Marseille Provence, le quatrième plus fréquenté de France (11,2 millions de voyageurs l'an dernier), pour la période estivale 2025.
Impact immédiat sur l'aéroport de Marseille, première base française de Ryanair
Pour l'aéroport Marseille Provence, plus grande base française de Ryanair, l'impact est immédiat. Les 300 vols annulés représentent environ 10 vols hebdomadaires en moins d'avril à octobre, comme le rapporte France 3 PACA. L'établissement craint désormais que d'autres compagnies ne suivent cet exemple, ce qui pourrait fragiliser toute l'économie locale dépendante du tourisme.
Pour tenter de diriger la hausse de la TSBA, chaque compagnie a sa propre stratégie. Si Air France a choisi de ne pas répercuter l'augmentation sur les billets déjà vendus, Transavia impose un supplément pour les vols après le 3 mars. Quant à Volotea, elle a opté pour un prélèvement automatique après notification, qui a suscité quelques controverses.
L'augmentation de la TSBA pourrait avoir des conséquences bien au-delà du seul secteur aérien. Le tourisme étant fortement numérisé aujourd'hui, toute la chaîne des acteurs technologiques du voyage risque d'être impactée par cette baisse de trafic. Sont concernés, entre autres, les plateformes de réservation, les applications de comparaison de prix, et les services de conciergerie virtuelle).
La connectivité aérienne, pilier menacé des hubs technologiques français
Michael O'Leary, l'emblématique PDG de Ryanair, a lui-même annoncé une réduction de 4 à 5% des capacités de sa compagnie en France cette année. Plus inquiétant, il prévoit de réduire sa présence de 12 à 11 millions de passagers en France, alors qu'il l'augmentera de 60 à 65 millions en Italie. Pourquoi ? Car notre voisin est un pays sans taxe équivalente.
Cette redistribution des flux aériens pourrait donc redessiner la carte de la connectivité numérique européenne. Les hubs technologiques français, souvent dépendants d'une bonne connectivité aérienne pour attirer talents et investisseurs internationaux, pourraient voir leur attractivité diminuer au profit de leurs homologues italiens ou espagnols.
Pour les start-up du tourisme numérique, la situation est paradoxale. Si certaines verront leur marché se réduire, d'autres pourront innover en proposant des alternatives de voyage moins taxées. Elles pourront aussi développer des solutions pour optimiser les coûts des compagnies aériennes face à cette nouvelle charge fiscale.
27 mars 2025 à 08h34