Boeing 777-300 d'Air France (© Air France)
Boeing 777-300 d'Air France (© Air France)

La compagnie aérienne présentera d'ici quelques jours un plan de restructuration qui devrait l'amputer de 15 à 20% des 50 000 membres de son personnel.

Il était prévu et logique que l'addition soit salée pour Air France. Et cela sera très certainement le cas. Mardi, les premières informations du plan de restructuration de la compagnie qui devrait être présenté à la fin du mois de juillet ou début juillet semblent avoir filtré. Nos confrères des Échos évoquent entre 8 000 et 10 000 suppressions d'emplois pour le transporteur aérien national.

Des départs sur la base du volontariat ?

Le plan de transformation d'Air France passera donc bien par des licenciements. Invité de La Matinale LCI mercredi matin, le secrétaire d'État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a confirmé que le plan conduira à une nette réduction des vols intérieurs de la compagnie (ce que l'on appelle le réseau domestique), qui entraînera une importante coupe dans les effectifs du transporteur.

Entre 8 000 et 10 000 salariés devraient quitter les rangs d'Air France d'ici 2022. Le plan de restructuration, attendu dans les prochains jours ou semaines, concernera donc entre 15 et 20% des collaborateurs de la société, qui emploie plus de 52 500 personnes à temps plein, sa filiale HOP comprise.

Une phase de concertation va s'ouvrir chez les syndicats, qui essaieront de peser de tout leur poids pour limiter au maximum les licenciements, et qu'ils soient le plus favorable possible aux salariés déchus. Jean-Baptiste Djebbari, assure, lui, que ce plan « se fera sans souffrances sociales, c'est un engagement, et il se fera de façon concernée et transparente », le secrétaire d'État évoquant des départs seulement volontaires, et des possibilités de mobilité.

Personnel au sol, personnel naviguant et pilotes… toutes les tranches commerciales de l'entreprise subiront des départs

Toutes les branches de salariés d'Air France seront impactées par le plan de restructuration. Ainsi, il faut s'attendre à ce que 4 000 à 6 000 membres du personnel au sol quittent l'entreprise, mais aussi 2 000 à 2 500 personnels de cabine, ce qui concerne les hôtesses et stewards. Autour de 400 pilotes devraient rester à quai. La filiale HOP, sollicitée pour les vols internes et qui fait travailler 2 750 personnes, devrait perdre plus de 1 000 de ses salariés. L'entreprise devrait tout de même être « aidée » par ce que l'on pourrait appeler la « sélection naturelle », puisque 3 800 départs liés à l'âge moyen des salariés étaient attendus d'ici 2022, avant même le démarrage de la crise. Le trou à combler reste tout de même très conséquent.

Des départs : mais à quel prix ?

Pour encourager les départs volontaires, Air France devra mettre les petits plats dans les grands, même si ici la formule n'est pas vraiment adaptée. La compagnie pourrait envisager de procéder à une rupture conventionnelle collective (RCC) pour son personnel navigant et ses pilotes. Comprenez ainsi une plus grosse indemnité de départ. Des départs anticipés à la retraite seront aussi proposés pour les plus âgés, ainsi que des propositions de reconversion.

Le personnel au sol, lui, devrait être soumis au classique plan de départs volontaires (PDV). Au contraire de la RCC, applicable immédiatement, le PDV mettra lui plus temps à être mis en œuvre.

Air France, qui a reçu un soutien financier à hauteur de 7 milliards d'euros de l'État français, avec un prêt direct de 3 milliards d'euros et une garantie de l'État sur les prêts bancaires à hauteur de 4 milliards d'euros, va devoir absorber la baisse du trafic et sa lente reprise, qui mettra des années à atteindre le niveau de 2019.

La compagnie française ne fait pas exception à la règle en Europe. Au contraire. Lufthansa, réputée pour être la compagnie européenne la plus solide, a récemment annoncé la suppression prochaine de 22 000 postes, soit environ 16% des effectifs mondiaux du groupe allemand. Les compagnies britanniques British Airways (12 000 suppressions attendues) et easyJet (4 500 licenciements à venir) vont elles aussi déplorer de nombreux départs.

Source : Les Echos