La compagnie aérienne allemande, qui a connu une baisse brutale de son chiffre d'affaires au premier trimestre et qui est plongée dans la crise, se prépare à se séparer de milliers de salariés à temps plein.
Comme plusieurs autres grandes compagnies, Lufthansa subit les terribles effets de la crise. Avec un trafic aérien à l'arrêt durant plusieurs semaines, la firme de Cologne a épuisé ses liquidités à tel point qu'elle a un temps évoqué une faillite potentielle pour faire pression sur l'État allemand. Jeudi, le groupe a indiqué à l'AFP la suppression à venir de 22 000 emplois. Ce qui représente 16% des effectifs mondiaux du plus puissant transporteur aérien (du moins, avant la crise).
Près de 90 000 salariés du groupe déjà placés en chômage partiel
« Nous allons avoir 22 000 postes équivalent temps plein en moins au sein du groupe Lufthansa, dont la moitié en Allemagne », a précisé l'entreprise, qui maintient tout de même vouloir éviter les licenciements secs, « dans la mesure du possible ». Pour le moment, le chômage partiel tend à retarder l'échéance, mais il est difficile de croire que cela puisse durer.
En quelques jours, la communication de crise s'est transformée en communication de détresse. Au début du mois de juin, Carsten Spohr, le patron de Lufthansa, pensait pouvoir limiter à 10 000 le nombre d'employés écartés du groupe. Désormais, ce chiffre a plus que doublé.
L'entreprise, qui compte environ 135 000 employés dans le monde, dont 87 000 au chômage partiel, jouit de grandes responsabilités en Europe en tant que propriétaire des compagnies Brussels Airlines, Austrian, SWISS et Eurowings, toutes en proie à des licenciements.
Plus de 2 milliards d'euros de pertes au premier trimestre, et 98% de passagers en moins en avril
Les mauvaises nouvelles sont assez inéluctables, et Lufthansa ne le sait que trop. Alors que le groupe s'attend à un bilan financier catastrophique pour le second trimestre (avec un nombre de passagers qui s'est écroulé de 98% en avril et 700 avions sur 763 cloués au sol), celui du premier trimestre, qui rappelons-le n'a été qu'en partie touché par la crise du Covid-19, a précipité les décisions à venir.
Sur les trois premiers mois de 2020, Lufthansa a affiché une perte nette de 2,1 milliards d'euros et a vu son chiffre d'affaires tomber à 6,4 milliards d'euros, soit 18% de moins sur un an. Le groupe ne bénéficiait plus que de 4,3 milliards d'euros de liquidités au 31 mars 2020.
Le fret, qui expose évidemment moins de personnes et qui fait tourner l'économie, a permis à l'entreprise allemande de conserver une certaine activité. Les kilomètres de fret vendus n'ont diminué « que » de 53,1% en avril.
L'État allemand au secours de Lufthansa
Lufthansa va licencier près de 20% de ses effectifs, Brussels Airlines environ 25% et Austrian Airlines 20%. La situation est si grave du côté du groupe allemand qu'il va perdre sa place à l'indice principal de la Bourse de Francfort, le DAX 30, où il côtoyait les géants Adidas, Continental, Deutsche Bank, Deutsche Telekom, Henkel, Siemens ou Volkswagen. Une histoire de 30 ans qui prend fin et qui prouve que la compagnie ne vaut plus grand chose : elle est aujourd'hui valorisée à moins de 5 milliards d'euros.
L'État allemand a ainsi annoncé une aide à hauteur de 9 milliards d'euros pour sauver le transporteur, ce qui ne manque d'ailleurs pas de provoquer la gronde de l'opposition, outre-Rhin, où l'on accuse le gouvernement d'avoir accordé un blanc-seing à Lufthansa.
Source : Ouest-France, Lufthansa