© Air France
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L'Association internationale du transport aérien a publié une nouvelle analyse, mardi, indiquant que la dette des compagnies aériennes devrait être supérieure de 28% fin 2020 par rapport à son niveau au début de l'année.

Pour sauver les compagnies aériennes, les États, banques et marchés ont ou vont leur prêter des milliards et des milliards de dollars. Des sommes qui ne tombent pas du ciel et qu'il faudra rembourser pour la grande majorité. Reste à savoir à quelle sauce les compagnies seront mangées ces prochaines années. En attendant, l'Association internationale du transport aérien (IATA), qui représente 290 compagnies aériennes, a fait les comptes. Selon elle, la crise du coronavirus conduira à faire exploser la dette de l'industrie du transport aérien à 550 milliards de dollars d'ici la fin de l'année.

67 milliards de dollars d'aides devront être remboursés par les compagnies

Dans sa dernière analyse, publiée le mardi 26 mai, l'IATA prédit une hausse de la dette de 120 milliards de dollars pour les compagnies aériennes par rapport au début de l'année 2020. Une première partie, de 67 milliards de dollars, est composée de prêts gouvernementaux (50 milliards de dollars), d'impôts différés (5 milliards) et de garanties de prêts (12 milliards de dollars). Une seconde partie, de 52 milliards de dollars, provient de prêts commerciaux (23 milliards de dollars), de la dette du marché des capitaux (18 milliards), de celle de nouveaux contrats de location simple (5 milliards) et de l'accès aux facilités de crédit existantes (6 milliards).

Pour aider l'aérien à traverser la plus grosse crise de son histoire, le niveau d’endettement du secteur va ainsi grimper de 28%. « L'aide gouvernementale aide à maintenir l'industrie à flot. Le prochain défi sera d'empêcher les compagnies aériennes de sombrer sous le fardeau de la dette que l'aide crée », a commenté Alexandre de Juniac, Directeur général de l'IATA.

La majorité (67 milliards de dollars) de la dette contractée avec la crise devra être remboursée par les compagnies. Les transporteurs aériens sont par exemple redevables des compensations salariales (35 milliards de dollars), du financement par actions et des allègements fiscaux, et autres subventions. Ce qui devrait rallonger la durée de la crise même en cas de reprise massive du trafic.

Mesures de contrôle, investissements environnementaux… Les transporteurs vont voir leurs charges augmenter

L'Association internationale du transport aérien s'inquiète tout de même de la proportion de ces aides par rapport aux revenus totaux des compagnies en 2019, puisqu'elle n'est que de 14%, ce qui crée manifestement d'importantes lacunes qu'elle appelle à combler. « De nombreux gouvernements ont intensifié leurs programmes d'aide financière qui jettent un pont sur cette situation la plus difficile, notamment en espèces pour éviter les faillites. Là où les gouvernements n'ont pas répondu assez rapidement ou avec des fonds limités, nous avons vu des faillites », constate Alexandre de Juniac.

Si le ratio des aides promises par rapport aux revenus 2019 est plus important en Europe (15%) qu'en Asie-Pacifique (10%), Afrique et Moyen-Orient (1,1%) ou Amérique Latine (0,8%), les gouvernements nord-américains montrent la voie, en proposant une aide financière à hauteur de 25% des revenus annuels 2019.

La dette a bien des causes et des impacts. Les compagnies aériennes ont plus que jamais besoin de liquidités alors qu'elles devront vivre avec moins de voyageurs durant les prochains mois et surtout qu'elles devront encore compenser de nouveaux coûts : ceux des mesures de contrôle post-pandémie qui interviennent déjà, mais qui seront encore plus importants à mesure que le trafic reprendra. Sans oublier les dettes à rembourser et, surtout, les investissements qui devront être faits pour rentrer dans les clous des objectifs environnementaux, comme le gouvernement français l'impose à Air France par exemple. « Après avoir survécu à la crise, le rétablissement de la santé financière sera le prochain défi pour de nombreuses compagnies aériennes », conclut le patron de l'IATA. Et ce n'est clairement pas gagné.

Source : IATA