Clubic vous propose un nouveau numéro de 90'' ou presque pour vous aider à comprendre l'ampleur de la crise subie par le secteur aérien et les solutions éventuelles qui contribueront à le maintenir en vol.
Le secteur aérien traverse la plus grosse crise de son histoire, c’est indéniable, et nombreux sont les acteurs de l’aéronautique à se demander s'ils pourront se relever, et si oui : quand et comment. En première ligne, on retrouve les compagnies aériennes. En 90 secondes ou presque, nous allons brièvement rappeler le contexte actuel pour les transporteurs, établir quelles conséquences découlent de la crise, avant d'évoquer les solutions qui pourraient sauver ces entreprises en perdition.
1. La crise dans l'aérien : un contexte terrible et historique
Le coronavirus a cloué la majorité des avions du monde au sol. Des compagnies comme Air France ne fonctionnent plus qu’à 5 % de leur
capacité. Les compagnies aériennes sont à l’arrêt et beaucoup, comme Air France encore, ont à assumer les frais de location de leurs appareils, outre le remboursement de centaines de milliers de billets, comme c'est le cas chez Emirates.
On schématise, mais clairement, ces entreprises ne sont pas structurées pour supporter de telles charges.
2. Des conséquences lourdes et immédiates
Les conséquences sont multiples, car la crise du coronavirus ne touche
pas que les compagnies aériennes : elle impacte aussi les constructeurs, dont Boeing, qui va supprimer 20 à 30% de ses effectifs, ainsi qu’Airbus, qui a perdu 500 millions d’euros au premier trimestre et livré 80 % d’appareils en moins en avril 2020 qu’en avril 2019.
Les équipementiers, comme Safran qui va supprimer 3 000 emplois au Mexique, sont aussi dans le dur. Les nombreux sous-traitants des aéroports et avionneurs broient également du noir, et certains sont voués à disparaître.
Et puisqu'on parle de disparition, certaines compagnies aériennes ont déjà mis la clé sous la porte. C’est le cas notamment de Virgin Australia, de Flybe (et on ne vous cite pas toutes celles qui sont au bord du gouffre ou qui vont licencier massivement, comme British Airways, Norwegian, Ryanair etc.). En France, la deuxième compagnie nationale Corsair, a poussé un cri d’alerte, à la fin du mois d’avril, appelant l’État à l’aider comme il a aidé Air France, si elle veut être sauvée.
Par ailleurs, l’impératif de distanciation physique à bord des avions, qui incite les compagnies à ne plus remplir les aéronefs, entraînera mécaniquement une hausse des tarifs à bord. En sachant que 4,5 millions de vols ont été annulés jusqu’au 30 juin 2020 et que 90 % de vols n’ont pas décollé de mi-mars à mi-avril, les compagnies européennes vont devoir rembourser 10 milliards de dollars de billets.
3. Sans perspectives, des solutions sont-elles possibles pour sauver les compagnies ?
Il existe des solutions temporaires, comme le chômage partiel, mais ça ne vaut qu’un temps. La solution première, c’est évidemment l’aide étatique. Air France a obtenu un prêt garanti par l'État français et un prêt d'actionnaire de ce dernier, pour 7 milliards d’euros. Lufthansa, elle, met la pression sur l’État allemand, le menaçant de déposer le bilan.
Restructurer des compagnies, se séparer d’une partie de sa flotte, fermer des lignes, toutes ces solutions pourraient être encore plus désastreuses à terme économiquement.
L’association internationale du transport aérien (IATA), qui est contre la distanciation physique, propose de redonner confiance aux voyageurs qui auront peur d’affronter les passagers en mettant en place un passeport immunitaire ou un test du Covid-19 pouvant être développé à grande échelle.
Au niveau financier, elle considère que la législation européenne, qui impose de rembourser au client le billet d’un vol annulé par les compagnies, doit être modifiée, pour que ces dernières puissent proposer directement un avoir. Plusieurs États de la zone, dont la France, l’Italie et l’Allemagne étudieraient cette possibilité. Pas sûr que la Commission européenne et les associations de consommateurs ne soient fans.
Pour l’heure, 40 000 postes ont déjà été supprimés dans l’aérien, avec des compagnies qui affirment toutes officiellement qu’elles mettront des années à retrouver leur rythme de croisière, bien malin sera celui qui détient les clés de la sauvegarde des entreprises aéronautiques aujourd’hui.