C'est via sa filiale C2S que Bouygues Telecom Business a annoncé, mercredi, avoir signé un protocole pour l'acquisition de SecInfra, un spécialiste français de la sécurisation des infrastructures IT.

Bouygues Telecom a décidé d'accélérer la stratégie cybersécurité de sa division Entreprises. Ce mercredi 2 avril 2025, lors du Forum international de la cybersécurité (Forum InCyber), l'opérateur a officialisé la signature d'un protocole en vue d'acquérir SecInfra. L'acquisition, d'après François Treuil, le directeur de la division Entreprises de Bouygues Telecom, devrait intervenir « dans les prochaines semaines », confie-t-il à Clubic.
Cette entreprise spécialisée dans la sécurisation des infrastructures IT a été choisie pour apporter son expertise à un moment critique, où l'ANSSI, l'agence cyber française, fait état d'une hausse alarmante de 15% des cyberattaques visant principalement les ETI et les établissements publics.
Le rachat de SecInfra par Bouygues Telecom Business, une réponse à l'intensification des menaces
C'est un fait, la hausse des cyberattaques touche particulièrement les entreprises de taille intermédiaire (ETI) et les établissements publics, comme le confirme l'ANSSI, l'agence française de cybersécurité. La numérisation croissante et la banalisation du télétravail ont considérablement élargi la surface d'attaque, ce qui rend cruciale la sécurisation des systèmes d'information pour ces organisations.
« La compétitivité des entreprises repose de plus en plus sur leur maîtrise des outils numériques et leur capacité à se prémunir des attaques informatiques. Pour les aider à faire face à ces nouveaux enjeux, Bouygues Telecom Business a souhaité renforcer son offre cyber », explique François Treuil à notre micro.
« Aujourd'hui, nous sommes sous une menace 24h/24 et 7j/7. Il s'agit donc d'avoir une surveillance en continu des systèmes d'information », souligne-t-il, en mettant en évidence l'évolution des besoins du monde professionnel en matière de cybersécurité.
L'enjeu n'est plus seulement de protéger les sites internet des entreprises, mais surtout de prévenir « l'exfiltration de données », un risque majeur qui peut mettre « les sociétés par terre », en termes de réputation, et entraîner l'intervention des autorités comme l'ANSSI et la CNIL.
SOC et EDR, deux technologies de pointe priorisées par l'unité cyber de Bouygues
Alors SecInfra, c'est quoi ? En fait, il s'agit d'une entreprise d'une quinzaine de collaborateurs, fondée en 2018, qui est reconnue pour ses services managés de sécurité, notamment à travers son Security Operations Center (SOC) et ses solutions d'Endpoint Detection and Response (EDR).
François Treuil nous dit d'ailleurs ce qui distingue particulièrement SecInfra sur le marché : « Ils sont spécialistes à la fois d'une technologie, Palo Alto, et d'un métier qui est le SOC et les services managés autour. Chaque fois qu'ils jouent un dossier, ils le gagnent parce qu'ils ont l'expertise, le savoir-faire, la crédibilité et les certifications. »
Cette acquisition doit donc, sur le papier, permettre à Bouygues Telecom Business de compléter son offre technologique, et de relancer le segment pro des opérateurs, en perte de croissance depuis plusieurs années. Après avoir travaillé avec Fortinet ou Cisco, se priver de Palo Alto « aurait été comme se priver d'une partie du marché », confie le directeur.
La synergie fonctionne déjà en tout cas, puisque les deux entreprises ont remporté ensemble un contrat important auprès d'un grand industriel français de l'agroalimentaire, combinant connectivité et firewall.
01 avril 2025 à 17h51
Valeur ajoutée et différenciation, la stratégie anti-commoditisation de Bouygues Telecom
Guillaume Brauman, le président de SecInfra, dirigera cette nouvelle entité qui regroupe ses équipes avec celles du SOC du pôle cyber de Bouygues Telecom Business. Pour SecInfra, ce rapprochement apporte « la marque, la surface commerciale » qui permet à son dirigeant de « se concentrer sur son produit, sa roadmap » plutôt que sur « les RH, la finance, les achats », comme l'explique François Treuil.
« Le marché des télécoms dit B2B en France est en décroissance, nous répète le dirigeant. Même si les entreprises utilisent de plus en plus de technologies, la concurrence fait qu'elles les achètent de moins en moins cher », ajoute-t-il.
L'objectif est donc de « redonner de la valeur, redonner de la différence, sortir du piège de la "commoditisation" », en ajoutant « de la technologie et de la valeur ajoutée en termes de sécurisation, de continuité d'activité et de sécurité ». Comme sur la partie grand public de son activité, Bouygues Telecom continue de poser ses pions avec sens.