La police nationale a lancé un avertissement après avoir repéré des comptes TikTok avec l'émoji pizza dans leur pseudo. Ces profils montrent des images de mineurs et guident les internautes vers Telegram où des contenus pédocriminels sont vendus. Le choix de la pizza n'est pas innocent : en anglais, ses initiales « CP » (Cheese Pizza) évoquent « child porn ».

Dans une vidéo publiée le 24 mars sur X, la police française tire la sonnette d'alarme. Des comptes TikTok arborent un émoji pizza au fromage dans leur pseudo et publient des photos de jeunes filles mineures, parfois dans des poses équivoques. Ces images, qui ne tombent pas toujours sous le coup de la loi, servent de passerelle vers d'autres plateformes comme Telegram, où circulent des contenus pédocriminels payants, malgré son adhésion, fin 2024, au programme de l'ONG Internet Watch Foundation (IWF), qui lutte contre les contenus illégaux.
Le choix de cet émoji cache un message codé : en anglais, « cheese pizza » donne les initiales « CP », identiques à celles de « child porn » (pédopornographie). Les autorités australiennes avaient déjà pointé ce double sens quelques mois plus tôt, en janvier.
Les pédocriminels créent leur propre langage secret pour échapper aux radars des réseaux sociaux
L'émoji pizza fait partie d'un arsenal de codes que les réseaux pédocriminels ont développé pour communiquer entre eux sans attirer l'attention. « Comme souvent, ils avancent largement masqués », explique François Debelle de la plateforme Jonas contre la pédocriminalité dans les colonnes de Libération. Ces symboles leur permettent de se retrouver facilement tout en restant invisibles aux yeux des algorithmes de modération.
Mais s'ils parviennent à passer sous les radars des réseaux sociaux, ils ne sont pas pour autant impunis ni inconnus de la justice. Comme vous pouvez le voir dans la vidéo publiée sur son compte X.com, la police rappelle que ces pratiques ne sont pas anodines : en France, acheter, partager ou simplement posséder des images pédopornographiques peut mener jusqu'à sept ans de prison et 100 000 euros d'amende.
Un rapport du FBI de 2007, publié par WikiLeaks puis repris par le média Jonas, montre que la pizza n'est qu'un élément d'un véritable dictionnaire de symboles. Le document informe qu'un triangle bleu enroulé signale un intérêt pour les garçons, un cœur rose cible les petites filles, tandis qu'un papillon rose et violet indique une préférence pour les très jeunes enfants. Cette stratégie de camouflage est particulièrement efficace, car elle contourne les filtres automatiques des plateformes. Les mots explicites sont facilement bloqués, mais les émojis et symboles passent souvent sous le radar.

Les comptes à l'émoji pizza sur TikTok servent de premier maillon d'une chaîne criminelle
Ces profils TikTok ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Ils constituent la première étape d'un système bien rodé. « Ces tiktokeurs publient des images de mineurs volées sur les réseaux sociaux. Cela peut paraître anodin mais en réalité certains de ces utilisateurs cachent des intentions bien plus graves », avertit la police dans une vidéo diffusée directement sur TikTok que vous pouvez voir ci-dessous.
Les comptes postent des contenus qui restent dans une zone grise, puis établissent un contact avec les personnes intéressées. Ils les orientent ensuite vers Telegram ou d'autres applications où la modération est moins stricte et où les échanges de contenus explicitement criminels peuvent avoir lieu. Cette mécanique n'est pas sans rappeler que le fondateur de Telegram, Pavel Durov, a été placé en garde à vue en août 2024 dans une affaire impliquant notamment la complicité de détention de pédopornographie.
La police demande aux internautes d'ouvrir l'œil et de signaler les comptes suspects sur la plateforme Pharos. « Internet ne doit jamais être un terrain de chasse pour les prédateurs », martèle-t-elle dans sa communication.
- Signalement simplifié des contenus illicites en ligne
- Collaboration étroite avec la police nationale
- Plateforme sécurisée et anonyme
Source : Libération, Le Point