Après des années de résistance, la plateforme de messagerie Telegram a finalement cédé. En rejoignant l'Internet Watch Foundation, la messagerie s'engage désormais à combattre activement la diffusion de contenus pédopornographiques sur sa plateforme.
La capitulation était attendue, presque inévitable. Telegram, le géant de la messagerie qui revendiquait 950 millions d'utilisateurs, traînait les pieds depuis sa création. Sa politique de modération minimale, voire inexistante, aura été son talon d'Achille.
L'arrestation de son fondateur Pavel Durov à l'aéroport du Bourget en août 2024, sous le coup d'un mandat visant ses laxismes répétés, a précipité un changement de cap radical. Aujourd'hui, Telegram s'associe au programme de l'ONG Internet Watch Foundation (IWF) pour passer des paroles aux actes.
Telegram est passé d'un bouclier pour les contenus criminels à un acteur de la protection des mineurs
L'histoire de Telegram ressemble à celle d'un ado qui refuse de ranger sa chambre malgré les menaces parentales. Depuis sa création, Pavel Durov a fait de la liberté sans limite son étendard et de sa plateforme un espace sans surveillance pour les contenus les plus toxiques. Trafic de drogue, armes, pédopornographie : rien ne semblait pouvoir arrêter le flux. Dans un communiqué sur son site, L'Internet Watch Foundation (IWF) révèle des détails glaçants : des milliers de signalements confirmés depuis 2022, incluant des images de catégorie A - les plus graves - impliquant même des enfants de moins de deux ans. La plateforme était jusqu'alors la seule grande messagerie internationale à refuser tout programme centralisé de détection d'images illégales. Un positionnement qui contrastait frontalement avec les pratiques de Meta, Microsoft ou ByteDance, tous engagés dans des collectifs de lutte contre ces contenus.
Le tournant s'est dessiné avec l'interpellation musclée de Pavel Durov. Les autorités françaises ont dévoilé une liste vertigineuse d'infractions : complicité de trafic de drogue, de terrorisme, de mise en ligne de contenus pédocriminels. Un arsenal d'accusations qui a fait voler en éclats le discours libertarien du fondateur, toujours prompt à dénoncer la « censure ». Face à la mise en examen et à la pression judiciaire, Telegram a brutalement changé de cap. L'adhésion à l'IWF marque une transformation radicale : utilisation d'outils de détection sophistiqués, blocage des contenus illégaux, collaboration active avec les autorités.
Les nouveaux dispositifs déployés par Telegram pour éradiquer les contenus pédocriminels
Après l'engagement, Telegram déploie les outils de lutte contre les contenus d'abus sexuels sur mineurs. Premier mécanisme : l'utilisation des « hachages » de l'IWF, ces empreintes numériques uniques qui permettent de détecter instantanément les images criminelles dans les espaces publics du site. Tout contenu identifié comme tel sera immédiatement bloqué. Deuxième niveau d'action : la suppression proactive, avec des outils d'IA et d'apprentissage automatique capables de détecter non seulement les contenus photographiques, mais aussi les représentations générées artificiellement d'abus sur mineurs.
L'IWF travaillera par ailleurs en étroite collaboration avec Telegram pour adapter ses solutions. L'une d'entre elles consistera à identifier et neutraliser les comptes utilisés pour distribuer et monétiser les contenus pédopornographiques. La plateforme promet de supprimer des centaines de milliers de contenus chaque mois, avec une rapidité et une efficacité jamais atteintes jusqu'alors.
Sources : Le Monde, Internet Watch Foundation