Les cybercriminels français délaissent progressivement Facebook pour se tourner vers les applications de messagerie sécurisée. Selon le dernier rapport de Revolut, WhatsApp et Telegram représentent désormais 45% des arnaques signalées dans l'Hexagone.

WhatsApp et Telegram, applications favorites des cybercriminels en France © Alexandre Boero / Clubic
WhatsApp et Telegram, applications favorites des cybercriminels en France © Alexandre Boero / Clubic

Qu'il semble loin le temps où Facebook et ses légendaires brouteurs dominaient seuls le paysage des arnaques en ligne ! Si le géant Meta reste globalement la principale source d'escroqueries dans le monde, la faute à son omniprésence chez les utilisateurs, la tendance française montre une évolution inquiétante vers des applications supposément plus sécurisées. Le rapport de Revolut, publié il y a quelques jours sur la thématique de la sécurité des consommateurs, révèle un vrai changement dans les méthodes des fraudeurs qui sévissent en France.

Le paradoxe du chiffrement : quand sécurité rime avec vulnérabilité sur WhatsApp et Telegram

En France, WhatsApp s'est s'imposée comme la plateforme la plus exploitée par les escrocs. Première messagerie sécurisée utilisée par les Français, elle pèse pour 29% des fraudes signalées auprès de Revolut. Contrairement aux idées reçues, le chiffrement des communications ne protège pas contre les manipulations. Les utilisateurs, implicitement rassurés par cette couche technologique, baissent leur vigilance et deviennent plus susceptibles de tomber dans des pièges bien ficelés.

Les arnaques à l'investissement, par exemple, prospèrent particulièrement sur cette application, avec 30% des cas recensés. Les fraudeurs exploitent ici la confiance inspirée par les discussions privées, pour promouvoir des placements fictifs à rendements alléchants. La proximité créée par l'échange direct facilite la manipulation émotionnelle des victimes.

Telegram, de son côté, concentre 16% des signalements de fraude en France. La plateforme, de plus en plus utilisée, est devenue le terrain privilégié des escrocs pour diffuser massivement leurs arnaques grâce à ses fonctionnalités de canaux et groupes publics. Cette architecture facilite le recrutement de victimes à grande échelle, tout en conservant cette espèce d'apparence de légitimité.

Des arnaques spécialisées selon les plateformes

Les escroqueries liées à l'emploi sont particulièrement présentes sur Telegram. 59% des cas dans cette catégorie en France proviennent d'ailleurs de l'application, contre 30% pour WhatsApp. La méthode est bien rodée, avec des offres d'emploi trop attractives, des demandes de paiement pour des formations fictives ou des missions rémunérées qui nécessitent, sans surprise, un investissement de départ de la personne piégée. Les jeunes actifs et les étudiants sont les cibles prioritaires de ces manœuvres.

Le rapport de Revolut met également en lumière un phénomène préoccupant qui touche particulièrement les 17-34 ans. Il s'agit des arnaques à la billetterie. Les fraudeurs exploitent l'engouement pour certains événements culturels ou sportifs, en proposant des billets parfois inexistants à des prix attractifs. Ces escroqueries représentent maintenant près de 20% des fraudes à l'achat signalées.

À l'inverse, vous avez peut-être dernièrement essayé de réserver vos places pour les prochains concerts de Lady Gaga en France. Certains auront remarqué que les ventes ont été polluées par des robots au service de malfrats qui, eux, font exploser le prix des billets.

De son côté, Revolut explique avoir renforcé ses dispositifs de sécurité, avec notamment des appels intégrés à l'application pour contrer les usurpations d'identité. La banque numérique dit avoir empêché plus de 694 millions d'euros de fraudes potentielles en 2024. Mais elle rappelle que la vigilance des utilisateurs reste la première ligne de défense contre des fraudeurs toujours plus créatifs.