A quelques jours de l'ouverture du Midem, FnacMusic, troisième plateforme de musique en ligne sur le marché français, emboite le pas à VirginMega et propose à la vente 150 000 titres au format MP3, dépourvus de mesures techniques de protection contre la copie. Là encore, ces titres sont essentiellement issus de labels indépendants. Cette annonce intervient alors que le Snep (Syndicat national de l'édition phonographique), vient de rendre publiques ses conclusions sur le marché français de la musique en 2006. L'organisation, qui réunit les principaux producteurs français, fait état d'un net repli des ventes de musique sur support physique, que n'arrive pas à compenser le chiffre d'affaires lié à la distribution numérique.
Dans ce contexte morose, VirginMega et FnacMusic tentent de dynamiser le marché de la musique en ligne, en résolvant de la façon la plus directe qui soit les problèmes relatifs à l'interopérabilité. Commercialisés au format MP3, les morceaux d'artistes comme Anaïs, Miossec, les White Stripes, les Pixies, Prodigy, Franz Ferdinand ou Jean-Louis Murat peuvent être lus depuis n'importe quel baladeur. Les deux plateformes françaises créent ainsi une offre alternative à l'iTunes Store pour les possesseurs d'iPod.
« A ce jour, nous constatons que les mesures de protection (DRM) constituent un frein réel au développement de la musique numérique. Ces protections, souvent incompatibles entre les lecteurs du marché, ne répondent pas aux besoins du consommateur qui se détourne au final du téléchargement légal », déclare Frank Leprou, directeur général de Fnac.com.
Chez FnacMusic, les morceaux sont encodés en 256 Kbits, facturés 0,99 euros, et prennent place dans une section dédiée, promue via la page d'accueil du site à l'aide d'un encart relativement discret. Comme nous l'expliquait lundi Julien Ulrich, directeur général de VirginMega, l'objectif est de ne pas porter préjudice au reste du catalogue proposé sur ces plateformes, toujours proposé au format WMA accompagné du système de DRM de Microsoft.
Dans un communiqué intitulé « Les DRM détruisent la valeur de la musique », l'association de défense du consommateur UFC-Que Choisir se félicite de la décision des deux services français. Elle rappelle que les DRM contraignent le consommateur à n'écouter sa musique sur sur les baladeurs compatibles avec le système employé, et que le contournement de ces mesures techniques l'expose à des poursuites judiciaires pour contrefaçon.
« Officiellement promus pour protéger les droits d'auteur, ils sont devenus le cheval de Troie de l'industrie informatique et des majors pour s'assurer, dès le départ, une maîtrise exclusive du marché. Dans ces conditions, l'UFC-Que Choisir demande à tous les producteurs de permettre l'exploitation en ligne de leur catalogue sans verrous, c'est à dire sans DRM », conclut l'association.
Quelles que soient les causes, culture de la gratuité bien ancrée chez les internautes français, flou juridique quant à l'application de la loi DADVSI ou dédain des consommateurs vis-à-vis des productions actuelles, le marché de la musique français s'affiche en forte baisse sur 2006. Le chiffre d'affaires des ventes physiques s'établit en effet, en gros et en hors taxe, à 800 millions d'euros pour 2006, soit un repli d'environ 128 millions d'euros (13%) par rapport à l'année précédente.
De son côté, la musique numérique n'a généré que 40 millions d'euros de chiffre d'affaires, une somme bien insuffisante pour compenser l'érosion des ventes physiques. Le Snep constate en outre un ralentissement de la progression du secteur, qui s'établit à environ 40% pour 2006.
Les deux premiers jours du Midem, consacrés aux relations qu'entretiennent le marché de la musique et les nouvelles technologies, devraient être l'occasion pour les industriels du secteur de réfléchir aux moyens à mettre en oeuvre pour enrayer le phénomène.