OFrance

Clubic
Par Clubic
Publié le 11 juin 2014 à 16h04


Citation :

''Nous voulons prouver qu'avec de la motivation et de la détermination nous pouvons créer des choses sans avoir des millions. Même si cela aide j'avoue.”



  • Nom : OFrance
  • Activité : place de marché de produits fabriqués en France
  • Création : mars 2014
  • Localisation : Tarbes
  • Fondateurs : Julien Pungier, Patrick Desai, Thierry Lahorgue
  • Effectifs : 3 associés, 7 collaborateurs
  • Mise de départ : 3 000 euros
  • Clients : particuliers
  • Modèle économique : commission sur les ventes
  • Chiffre d'affaires : pas encore
  • Equilibre : non
  • Salaire du patron : non salarié
  • Levée de fonds : en cours de réflexion
  • Concurrents : aucun sur ce créneau
  • Projets : site en russe, chinois, allemand, espagnol, portugais


Au tour du fait-main de décoller


Julien a tout fait lui-même : son agence de com' à 20 ans, son site marchand pour les petits producteurs maintenant, et même des avions. Certains diraient qu'il est un self-made man.


Pour les 14 ans de Julien sa mère lui offrit deux choix : un scooter ou un ordinateur. S'il avait opté pour le premier cadeau, comme d'autres ados aspirant à une liberté de mouvement, peut-être n'aurait-il jamais développé son goût pour l'informatique, ni pour l'entrepreneuriat. Et OFrance, son site pour les producteurs locaux, n'aurait pas vu le jour.

C'était probablement écrit quelque-part. Dès 6 ans, Julien veut devenir ingénieur en informatique, « sans avoir vu d'ordi' auparavant » ni savoir ce que faisait réellement un ingénieur en informatique, en fait. Une fois équipé, Julien « découvre Internet, mais en 1997, il n'y a pas de forfait illimité et le hic c'est qu'à la fin du premier mois la facture dépasse 1 000 francs... »

Chaudronnier aéronautique


Afin d'apurer sa dette et de montrer à sa main nourricière qu'il ne lui prendra pas le bras, le jeune Julien réagit et monte sa première affaire : un portail référençant les chaînes de télévision en ligne. « Cela existait déjà à cette époque », assure-t-il. Il s'agit d'un vrai business. Il le revendra trois ans plus tard. Pile avant l'éclatement de la bulle Internet ! Bien vu.

Pour son entourage, Julien est celui qui sait « monter » des sites Web. Une compétence encore recherchée aujourd'hui. Il constate qu'un certain nombre de personnes font appel à ses services. Si bien qu'à 20 ans, il est comme « poussé » à créer son entreprise : Axynet. Un changement de cap pour ce Palois initialement formé à la chaudronnerie aéronautique.

C'est un profil atypique dans le milieu des start-up du Web, plus habitué aux diplômés des écoles d'ingé' ou de HEC... qu'au CAP et au BEP de Julien. Lorsqu'il décrit le métier de chaudronnier aéronautique, qu'il exerce durant trois trimestres seulement car dans ce secteur, « il y a des hauts et des bas, selon le marché », c'est simple à cerner, Julien « fabrique des avions ».

De la terrine de lapin en Russie


À 31 ans aujourd'hui, marié et associé, il occupe ses journées à fabriquer sa start-up baptisée OFrance - pour « origine France ». La difficulté en plus dans ce métier est qu'il doit lui-même le piloter - après avoir fait décoller son embarcation. On n'imagine pas un pilote confectionner son zinc...

L'idée d'OFrance germe dans l'esprit de Patrick, son co-équipier, il y a deux ans - la plateforme Web est beaucoup plus récente, elle voit le jour le 20 mars 2014. Patrick est anglais, il vit ses vingt premières années à Londres. Il est agent immobilier international, et aussi client de Julien, à qui il demande un site Web. Ils se sont lié d'amitié voilà dix ans. Patrick a débarqué en France en 1997, quand Julien démarrait sur le Net.

Patrick a le gène entrepreneurial, tiré de son père. Ce dernier a monté sa société de dépannage de véhicules au Rwanda. Plus précisément les camions, ceux « qui descendent les collines » du pays et parfois, se retrouvent bloqués. Patrick dit que son père est le premier à avoir lancé ce type de service au Rwanda. C'est aussi lui qui l'a incité à entreprendre.

Très présent dans le Sud-Ouest français, Patrick fréquente des Américains, Anglais, Russes... qui apprécient l'art culinaire et les produits du terroir. Pourquoi ne pas leur en vendre une fois qu'ils sont retournés chez eux ? Difficile de trouver la terrine de lapin aux pruneaux et Pineau des Charentes d'Aurélie aux États-Unis ou sur Amazon. Idem pour les « jolis petits cailloux gourmands à la confiture de fruits » de Serres-Castet, du 64.

OFrance ne veut pas simplement mettre en vente les produits des producteurs locaux en ligne. L'approche consiste à gérer pour eux la logistique, la communication et l'accompagnement. Côté consommateur, il convient d'être satisfait quel que soit son pays. Pour cela OFrance s'appuie sur son réseau de onze commerciaux en Angleterre, Russie, Chine...

« Nous voulons savoir quels produits ils préfèrent dans leur pays, en fonction de leur culture », indique Patrick, qui contribue à tisser ce réseau grâce à son expérience internationale. « Il nous arrive même d'effectuer des retours aux producteurs de façon à adapter le produit au marché ciblé. Cela peut concerner le packaging ou des éléments du produit. »

OFrance balbutie encore. Avec une vingtaine de producteurs recensés un mois après son lancement, le site dit recevoir des demandes de toute la France. « Le droit d'entrée est fixé à 150 euros seulement. Cela n'alourdit pas leurs charges. À la clé, ils gagnent en visibilité pour leur boutique et leurs produits, peuvent facturer en ligne les ventes sans s'occuper de la technique. Il ne reste qu'un bordereau à imprimer, on le met sur le colis puis on l'emmène à la Poste », fait valoir Julien. Emballé, c'est pesé.

Entre midi et deux


Le mois dernier, la facture téléphonique de Patrick indiquait 57 heures de communications. Pour se protéger des mauvaises ondes et des maux de tête, il porte constamment une oreillette. « On n'est pas des furieux non plus », tempère l'entrepreneur. Julien ajoute ne jamais prendre d'appel « entre midi et deux ». « Heureusement qu'on vit en France pour manger car au UK c'est sandwich, debout et à 16 heures ! », compare-t-il.

Pour tenir le choc, sa femme le soutient au quotidien. « Elle est mon mentor, elle me pousse en avant. » Dans le cas de Patrick, certains lui disent qu'il « vaut mieux un salaire tous les mois, la sécurité de l'emploi » mais lui n'en a cure. « On a envie de réussir. On transforme le négatif en positif en résolvant les problèmes vite avant qu'ils ne s'accumulent », préconise ce père de trois enfants, dont l'un pratique le badminton à haut niveau et un autre, le foot.

Patrick reconnaît l'importance du réseau dans la création d'entreprise. Le sien, acquis à l'international durant sa carrière, lui permet aujourd'hui de raccourcir les distances lorsqu'il a une idée et qu'il veut l'exécuter. De même pour Julien : « Quand je créais des sites Web c'était pour des patrons. J'ai baigné dedans et ai appris de leurs expériences, gardé des contacts. »

Devenir entrepreneur, « il faut en avoir envie ». S'arracher du sol comme un avion avec sa propre force motrice. Et pour avancer, « il faut avoir des tripes », affirme Julien, et beaucoup de temps. Il sait ce que c'est, lui qui s'est « fait » tout seul. Mais au moins, il fait de sa passion son métier, comme il dit. Un jour, il espère profiter de ce qu'il a bâti.


Thomas Pontiroli
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