Président du Directoire de Seventure, Jean-Patrick DEMONSANG présente l'activité de ce fonds de capital risque, partage sa stratégie d'investissement et revient sur les récentes affaires qui ont secoué ce secteur.
JB - Jean-Patrick DEMONSANG, bonjour. Pouvez vous présenter SPEF Venture ou plus exactement "Seventure" ?
JPD - Bonjour. En effet, nous avons décidé de faire disparaitre le P et le F de la vénérable «société de participation et d'études financières» (SPEF) pour donner naissance à Seventure, un nom plus facile à prononcer en anglais dans lequel on peut également lire le chiffre 7 associé à notre localisation dans le septième arrondissement.
JB - Pouvez vous rappeler votre activité ?
JPD - Nous sommes une filiale de Natixis Private Equity, une société de gestion gérant plus de 3 000 millions d'euros de capitaux investis aussi bien dans les LBO, le Capital Development , ou le Venture dans le cas de Seventure ou de Ventech, l'autre société de venture de NPE. Avec 400 millions d'euros en gestion, essentiellement issus des FCPI, et 44 sociétés dans son portefeuille, Seventure est devenue l'une des plus grosses équipes de venture de Paris, derrière Sofinnova.
JB - Quelle est votre stratégie d'investissement dans les jeunes pousses ?
JPD - Ce qui nous intéresse, c'est investir dans des sociétés allant connaitre une croissance brutale. Nous investissons uniquement dans deux secteurs d'activité: les Sciences de la vie et les Technologies de l'information, pour des montants allant de 1,5 à 9 millions d'euros, dans des sociétés ayant déjà passé la phase de l'amorçage et ayant un très fort potentiel de développement. Dans le domaine des TIC, nous recherchons le plus souvent des sociétés d isposant d'une vraie technologie, avec une propriété intellectuelle (brevet, logiciel, marque, procédé, etc...) capables d'avoir un vrai avantage compétitif dans un cadre concurrentiel désormais mondial.
JB - Peut-on citer quelques succès mais également quelques échecs ?
JPD - Nous avons connu des échecs dans les années 2000/2001, en particulier dans le domaine des logiciels, en ayant investi trop tôt ( e-learning par exemple). Mais nous en avons tiré des leçons, et nous avons réalisé ces derniers mois par moins de 20 sorties dont 8 IPO avec des multiples de près de 20 pour des sociétés comme Parrot et même de 24 pour VistaPrint, qui est désormais cotée au . Nous croyons également beaucoup à une société comme Metabolic Explorer, spécialisée dans la biochimie, qui vaut près de 200 M€ sur EuroNext et dont nous sommes encore le premier actionnaire
JB - En moyenne, quelle est votre propre rentabilité ?
JPD - C'est évidemment très variable selon les années . Pour le FCPI millésime 1998, qui arrivera à terme en 2008, nous espérons rendre 1,7 fois la mise initiale. Pour le millésime 2000, c'est plus difficile même si nous espérons au moins rendre la mise à l'arrivée. Enfin, pour le fonds levé en 2007, nous annonçons déjà une fourchette entre 1,7 et 2 fois la mise, ce qui correspondrait à un taux de rendement interne de 12% net en tenant compte de l'avantage fiscal de 25%, ce qui est plutôt correct .
JB - En tant qu'investisseur, est-ce que vous vous impliquez dans la gestion de la société ?
JPD - Nous sommes effectivement très impliqués dans la gestion mais cela ne veut pas dire que nous devons nous substituer au chef d'entreprise. Mais en cas de problème, nous avons tendance à éviter toute "cosmétique". Même si la tentation est grande de remettre de l'argent en cas de difficulté, nous refusons toute fuite en avant et nous préférons largement nous "couper un bras" et sérieusement restructurer l'entreprise plutôt que de remettre au pot "les yeux fermés" .
JB - Quel est votre sentiment sur l'affaire Sarenza.com où l'un des fondateurs affirme avoir été brutalement débarqué par les VC ?
JPD - Je suis partisan de laver le linge sale en famille. Tout ce déballage sur le web me semble un peu puéril car il ne peut que nuire à la société et à ses actionnaires . Sur le fonds, les accusations de malversation me surprennent. Le coup d'accordéon pour diluer les fondateurs ne se pratique pas sans raisons, et c'est le plus souvent parce qu'il n'y a plus d'argent dans la caisse. Pour ce qui concerne Seventure, nous cherchons en général à ne pas trop diluer les entrepreneurs, à leur attribuant des stocks options par exemple, pour éviter qu'ils ne partent au premier coup de vent.
JB - Quel regard portez vous sur le web 2.0 ? Pensez vous qu'il y aura un nouveau Google ?
JPD - Avec le Web 2.0, nous avons vu défiler de nombreux entrepreneurs qui voulait nous faire payer, sous la forme d'une valorisation excessive de leur nouveau projet, leurs succès passés. Personnellement, je ne crois pas forcément au modèle du "serial entrepreneur". On peut réussir puis échouer, et réciproquement , le tout est de comprendre pourquoi et d'en tirer des leçons . Quel que soit l'âge du capitaine, nous prenons en général six mois pour décortiquer tout le business model et bien comprendre le potentiel de la société.
Bien entendu, nous sommes tous à la recherche d'un dossier comme Google mais je doute qu'il y en ait plus d'un par décennie. Par contre, je crois beaucoup à des sociétés comme Parrot, dont le dirigeant Henri Seydoux, est un vrai visionnaire, qui sait faire partager sa vision et aller jusqu'au bout de son idée.
JB - Jean-Patrick DEMONSANG, je vous remercie.
Jean-Patrick DEMONSANG, Seventure : "Je ne crois pas forcément au serial entrepreneur"
Publié le 26 avril 2007 à 14h24
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