Le satellite Biomass d'Airbus, mission phare de l'Agence spatiale européenne, vient d'être mis en orbite par la fusée Vega C. Équipé d'un radar révolutionnaire, il scrutera les forêts terrestres pendant cinq ans.

L'Europe franchit un nouveau cap dans l'observation spatiale des écosystèmes forestiers. Lancé depuis Kourou en Guyane par une fusée Vega-C de l'Agence spatiale européenne (ESA), le satellite Biomass développé par Airbus Defence and Space est désormais en orbite à 666 km d'altitude, comme l'indique l'avionneur ce mardi ainsi qu'Arianespace, à la manœuvre. Cette prouesse technologique promet de révolutionner notre compréhension du cycle du carbone, grâce à son radar à synthèse d'ouverture utilisant la bande de fréquence P, une première dans l'espace.
Biomass, le radar spatial d'Airbus qui voit à travers les arbres
Le satellite Biomass n'est pas un observateur comme les autres. Son radar en bande P, une gamme d'ondes radio utilisée principalement pour des radars militaires à très haute précision, lui confère un pouvoir unique.
Il est en effet capable de voir à travers le couvert forestier jusqu'au sol. Ce pouvoir assez inédit permettra de générer des cartes d'une précision exceptionnelle de la biomasse des forêts tropicales, tempérées et boréales. Les scientifiques peuvent dire qu'ils disposent désormais d'un allié de taille pour décrypter l'impact de la déforestation sur notre climat.
Biomass est en tout cas le fruit d'une collaboration internationale impressionnante impliquant plus de 50 entreprises dans 20 pays. Et il impressionne par ses dimensions. Son imposante antenne déployable de 12 mètres de diamètre captera les données radar réfléchies depuis la Terre. Les informations précieuses qu'il collectera révéleront les évolutions du stock de biomasse forestière, qu'elles soient dues à la perte de forêts ou à leur repousse naturelle.
« Biomass fournira aux scientifiques et aux climatologues des données sans précédent sur l'état des forêts de la planète, ce qui permettra de mieux comprendre le cycle climatique. La sonde est maintenant en orbite en sécurité et prête à livrer ses précieuses données », a confirmé Alain Fauré, l'homme responsable des systèmes spatiaux chez Airbus Defence and Space. Voilà une mission qui arrive à point nommé face aux défis environnementaux actuels.

Des applications multiples au-delà de la surveillance forestière
Biomass ne limitera pas ses talents à l'étude des forêts. Le satellite pourra également détecter des paléo-aquifères dans les régions désertiques, visant à offrir un espoir de nouvelles sources d'eau dans les zones arides. Sa technologie radar, qui permettra aussi d'observer la dynamique des nappes glaciaires et d'étudier la géologie souterraine, élargira considérablement notre vision de la surface terrestre.
Les données collectées par Biomass nourriront, vous l'avez compris, la lutte contre le changement climatique. Elles viendront notamment soutenir le programme REDD+ des Nations Unies, une initiative dont le but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation. Son atout majeur sera sans conteste la surveillance systématique des zones vulnérables sans intervention au sol.
Ce que l'on pourrait qualifier de joyau technologique européen, au demeurant développé et testé entre la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni, montre une fois de plus l'excellence d'Airbus dans le domaine spatial. Les équipes préparent désormais les phases de mise en service en orbite, alors qu'une autre équipe gère l'installation du transpondeur d'étalonnage à New Norcia, en Australie. La science du climat est prête à entrer dans une nouvelle ère. On saluera aussi, au passage, le quatrième lancement réussi de Vega C, à mettre au crédit d'Arianespace.
28 avril 2025 à 11h50