Elle nous manquait. Crédits : ESA/CNES/Arianespace/CSG/JM Guillon
Elle nous manquait. Crédits : ESA/CNES/Arianespace/CSG/JM Guillon

La tension était à son comble pour ce premier lancement de l'année depuis la Guyane. Pas question de rater le retour en vol du petit lanceur européen Vega pour sa campagne VV18.

Heureusement, les performances étaient au rendez-vous : le premier des quatre satellites d'observation d'Airbus DS, Pléiades NEO, est en orbite. La mission durait 1 heure et 42 minutes !

Vega, avec prudence

Le 17 novembre dernier, le lanceur léger européen Vega était à nouveau dans la tourmente, suite à son deuxième échec pratiquement d'affilée. Plus ennuyeux encore, l'enquête montra qu'il s'agissait d'une erreur liée à un mauvais câblage et à un contrôle qualité défaillant. La bonne réputation du lanceur, construite sur quasiment une décennie de succès et un rythme qui grimpait régulièrement, a pris du plomb dans l'aile…

D'autant que l'incident bouleverse le calendrier, qui incluait pour 2021 la mise en place de la nouvelle version de Vega, plus puissante (mais pas plus chère), Vega C ! Résultat, la pression qui reposait sur les épaules des différents partenaires pour cette campagne de lancement VV18 était maximale. Arianespace, Avio et ses sous-traitants, Airbus DS et les autres clients du vol ont tous déployé plus d'efforts qu'à l'ordinaire pour que ce décollage soit une réussite.

Lancement réussi : c'est bon pour le moral !

Vega a allumé son moteur P80 à 3 h 50 (heure de Paris), au milieu de la nuit guyanaise, avant de quitter sa zone de lancement dans un véritable « bond », dû à la puissance de son premier étage. Après seulement 1 minute et 56 secondes, le deuxième étage a pris le relais, suivi par un troisième élément.

En 6 minutes et 33 secondes, il ne restait plus que l'action de l'étage supérieur AVUM à réussir pour la mise en orbite. Un élément critique, dont le contrôle d'attitude avait été câblé à l'envers lors de la dernière campagne. Cette fois, tout s'est bien passé, et AVUM a pu s'allumer quatre fois pour affiner les bons paramètres orbitaux et éjecter les différents satellites.

En effet après la séparation du passager principal, le premier des satellites Pléiades NEO, plusieurs co-passagers ont été successivement éjectés. Au format CubeSat, il s'agissait de NorSat-3 (pour l'agence spatiale norvégienne), BRAVO (pour Aurora Insight), Eutelsat ELO-Alpha et deux satellites LEMUR pour l'entreprise Spire.

Les clients comme les industriels participant à l'aventure Vega ont salué le travail accompli, sachant qu'il y a toujours d'importantes restrictions dues à la crise sanitaire, et qu'il s'agissait de la première campagne de l'année en Guyane.

Vue d'artiste d'un satellite Pléiades NEO. Compact... Crédits : Airbus DS
Vue d'artiste d'un satellite Pléiades NEO. Compact... Crédits : Airbus DS

Airbus DS revient à l'offensive

Enfin, il faut signaler à quel point ce vol était significatif pour Airbus Defence and Space, qui a confié son nouveau bijou d'observation de la Terre à Vega. Pléiades NEO n°3 fait partie d'une constellation de quatre satellites optiques avec des performances améliorées par rapport à la génération Pléiades précédente.

Airbus DS évoque notamment une agilité nouvelle, une réactivité accrue pour plus de données images, et une résolution commerciale de 30 centimètres par pixel seulement, ce qui égale le satellite Worldview-3 de Maxar. Or ce dernier est seul et vieillissant, tandis que l'industriel européen pousse l'offensive avec quatre unités de 920 kg chacune, qui sont équipées pour une durée de vie de 10 ans environ. De quoi justifier les coûts supplémentaires pour l'assurance du vol sur Vega… et se (re)mettre la pression sur le décollage suivant, qui embarquera Pléiades NEO n°4. Décollage prévu dès le mois de juin.

Les premières images de Pléiades NEO sont attendues dès la semaine prochaine, notamment sur les profils d'Airbus Space sur les réseaux sociaux.