Un étage supérieur Avum, tel que celui qui a causé l'échec du vol VV17. Crédits ESA/S.Corvaja
Un étage supérieur Avum, tel que celui qui a causé l'échec du vol VV17. Crédits ESA/S.Corvaja

La catastrophe du vol VV17, le 17 novembre dernier, avait donné beaucoup d'indices aux enquêteurs grâce aux données de télémesure. Un mois plus tard, le constat est là : c'était bien un branchement inversé. La commission indépendante livre une série de mesures pour éviter d'autres échecs à l'avenir.

VV18 aura-t-il lieu au début du printemps ?

Le vert sur le vert, et le rouge…

Décidément, il est des erreurs qui coûtent cher. Dès la création d'une commission d'enquête « indépendante » le 17 novembre, les données transmises par le lanceur après l'allumage de l'étage supérieur AVUM laissent peu de place au doute.

Est-il possible qu'un ingénieur ou technicien ait mal relié les câbles qui orientent la tuyère moteur ? Après avoir épuisé toutes les autres pistes, les enquêteurs diligentés par Arianespace et l'ESA ont en effet conclu qu'il s'agissait d'une « simple » inversion. Toutefois, une telle erreur est révélatrice de carences, non seulement lors de l'assemblage lui-même, mais aussi dans le processus d'inspection et de validation, ainsi que dans les tests réalisés entre l'assemblage de l'étage AVUM et son installation sur Vega. Ce sont ces étapes qui rendent incompréhensibles et honteuses ce genre d'erreurs.

D'autres grossiers échecs de qualité ont témoigné de carences similaires dans la dernière décennie : des capteurs forcés à l'envers sur un lanceur Proton en 2013, ou un étage Fregat configuré pour le Kazakhstan et décollant à plusieurs milliers de kilomètres de là, à Vostotchnyi en 2017. Il s'agissait à chaque fois de problèmes imputables autant à la technique qu'au contrôle.

Contrôle surprise

Plus précisément, l'enquête a conclu à un « défaut de qualification au niveau de la conception du lanceur », et recommande plusieurs actions, d'abord sur les deux prochains lanceurs déjà assemblés.

Il faudra des inspections et des tests supplémentaires, que ce soit sur le matériel comme lors des étapes de fabrication. L'ESA et Arianespace ont également émis des recommandations permanentes à mettre en œuvre sur les étapes de fabrication, d'intégration et même d'acceptation, sur les lignes d'assemblage en Italie et en Guyane.

Certains n'ont pas tardé, après cet échec, à pointer du doigt les responsabilités de l'entreprise italienne Avio, qui a ces dernières années gagné de haute lutte un contrôle « total » de la chaîne industrielle de Vega jusqu'à son lancement. Dans un communiqué, cette dernière affirme qu'elle mettra tout en œuvre pour améliorer le processus qualité.

En 2021, Vega devra non seulement refaire ses preuves, mais accueillir la nouvelle version Vega C. Crédits ESA/S.Corvaja.
En 2021, Vega devra non seulement refaire ses preuves, mais accueillir la nouvelle version Vega C. Crédits ESA/S.Corvaja.

Retour à haut risques

Sans garanties, les décollages de Vega devraient pourtant reprendre d'ici le mois de mars prochain. Le lancement sera crucial pour les ambitions d'observation d'Airbus Defense and Space, celui de la première unité de Pleiades Neo, satellite commercial à haute résolution. Un nouvel échec ferait entrer l'ensemble de la filière de lanceurs européens, déjà dans une mauvaise passe, dans une crise sans précédent.

*Quelques guillemets en effet, les autorités de rattachement étant toutes parties prenantes dans Vega.

Source : ESA