53 satellites bien différents sur les éjecteurs de la plateforme SSMS. Crédits ESA/S. Corvaja
53 satellites bien différents sur les éjecteurs de la plateforme SSMS. Crédits ESA/S. Corvaja

Plus d'un an après le catastrophique décollage de la mission VV-15 en juillet 2019, Vega a décollé du Centre Spatial Guyanais ce 3 septembre à 03h51 (heure de Paris). Une réussite importante, puisque le lanceur embarquait le nouveau dispositif de transport multiple SSMS avec 53 satellites.

Les équipes peuvent fêter ce retour à la normale, et préparer la suite.

La malédiction est levée !

La campagne de lancement VV-16 commençait à être étiquetée comme celle de la malchance. Et pour cause, quelques jours avant le départ prévu à la mi-mars, le Centre Spatial Guyanais fermait ses portes le temps d'un confinement qui n'a pris fin qu'avec de nouvelles mesures de protection des personnels. En juin, Vega revenait sur le pas de tir, mais à quelques vérifications techniques venaient alors s'ajouter une météo exécrable : la saison est trop avancée et des vents forts se mettent en place en haute altitude au Sud des Caraïbes pour plusieurs semaines.

Plutôt que de mobiliser les équipes tout ce temps pour rien (une tentative de lancement nécessite une mobilisation impressionnante, surtout lorsqu'il y a autant de satellites et de clients différents impliqués), le décollage est décalé au 2 septembre.

Et là encore, le lancement ne peut être réalisé, cette en raison d'un ouragan… en Corée du Sud. En effet, une station de suivi, indispensable pour la réussite de la mission, est située sur l'île de Jeju. C'est finalement ce 3 septembre à 03h51 (heure de Paris), que le décollage a lieu, dans une relative discrétion : le communiqué de presse annonçant le décollage a été émis après minuit.

Un grand soupir de soulagement

Le plus petit des lanceurs européens (30 mètres de haut pour 140 tonnes tout de même) a très bien réussi son retour aux affaires. C'est la première satisfaction de la nuit : cette seizième campagne est une réussite, de la fin du compte à rebours avec l'allumage du premier étage P80, jusqu'à la mise en route de l'étage supérieur AVUM, après 7 minutes et 54 secondes de vol. Ce dernier a été allumé quatre fois pour permettre à chaque groupe de satellites de quitter la plateforme SSMS en bon ordre.

L'ensemble de la mission, incluant l'éjection des 53 satellites (65 au final, car l'un d'entre eux, D-Orbit, est un petit véhicule qui va lui-même larguer 12 CubeSats plus tard), a duré un peu plus de deux heures.

Heureusement, tout s'est bien terminé : les clients de 13 pays différents, dont la Slovénie, qui a placé ses premiers satellites sur ce vol, ont pu célébrer le succès du lancement. À noter que parmi les satellites à bord, certains sont dédiés à l'observation de la Terre, d'autres à des démonstrations technologiques.

Les différentes configurations possibles de SSMS. Objectif : souplesse et adaptation aux clients. Crédits ESA
Les différentes configurations possibles de SSMS. Objectif : souplesse et adaptation aux clients. Crédits ESA

Innover pour rester concurrentiels !

C'est la seconde raison des sourires européens de ce matin… La plateforme SSMS (Small Satellite Mission Service), a réussi son premier vol, qui faisait office de dernière étape du développement et de démonstration technologique.

Financé par l'ESA, ce projet est important pour un lanceur tel que Vega, pour faire face à la concurrence internationale sur les lanceurs légers. Offrir des possibilités les plus souples possibles aux constructeurs de petits satellites (tels les CubeSats 1U, 2U ou 3U) comme à ceux d'unités plus grosses d'une cinquantaine de kilogrammes et jusqu'à 200 kg selon la configuration, est nécessaire aujourd'hui pour contenter les clients européens.

Ces derniers sont en effet accueillis à bras ouverts, avec des solutions similaires en Russie par Glavkosmos, qui vend Soyouz, et en Inde avec le petit lanceur PSLV. Ce succès ouvre donc de nouvelles opportunités ; c'est une bonne nouvelle pour l'Europe du spatial et pour l'industriel italien Avio qui s'occupe de Vega en particulier.

Prochaine étape pour Arianespace, qui a réussi les lancements d'août et de septembre, le décollage au mois d'octobre du satellite « espion » Falcon Eye 2 sur Soyouz depuis la Guyane.