Avec phisat-1 (ou ɸ-sat-1) l'ESA a envoyé pour la première fois un petit satellite CubeSat équipé d'intelligence artificielle embarquée. L'appareil va filtrer les images qu'il capture avec des nuages pour limiter les échanges de données avec la Terre.
Une deuxième mission est déjà à l'étude.
Des valises de données
Chaque jour, les deux satellites Sentinel-2 produisent à eux seuls environ 4 To de données. Aussi, au moment où les constellations d'observation de la Terre comme Copernicus (et ses sept satellites Sentinel actuellement en orbite) veulent s'étendre, il y a un défi important concernant la masse de données à traiter, stocker et transmettre vers le sol.
Or, si l'on prend l'exemple d'un capteur optique « classique », qui prend des photos à haute résolution de la surface, il suffit que le temps soit brumeux pour que plusieurs clichés soient stockés, transmis, re-stockés, traités… Le tout pour rien, puisqu'il s'agit de fichiers non exploitables.
Aujourd'hui, sur le plan algorithmique, les procédés d'intelligence artificielle permettent d'identifier facilement des nuages sur les clichés. Alors pourquoi ne pas porter directement ce calcul sur le logiciel embarqué du satellite ?
Un test grandeur nature
L'idée a fait son chemin depuis 2017, et dès début 2020, le satellite phi-sat-1 (ɸ-sat-1) est prêt pour son décollage. Il aura toutefois fallu attendre ce 3 septembre pour qu'il atteigne l'orbite au côté des 52 autres satellites sous la coiffe du petit lanceur européen Vega.
Phi-sat-1 est au format « CubeSat 6U », il a donc des dimensions équivalentes à celles d'une boite à chaussures (10 x 20 x 30 cm), mais c'est avant tout un premier test technologique. Il est l'un des deux satellites FSSCat, duo qui observera le sol grâce à un capteur hyperspectral.
Vers des satellites plus efficaces
Les équipes ont d'ores et déjà donné le feu vert pour une mission phi-sat-2 équipée du même processeur d'intelligence artificielle (Intel Movidius Myriad 2), qui testera pour sa part de façon un peu plus souple différents algorithmes liés à la reconnaissance des objets au sol. Massimiliano Pastena, ingénieur référent de ɸ-sat à l'ESA, explique que « le filtrage automatique des images permettra de ne renvoyer que des données utiles vers la Terre. Cela rendra l'ensemble du processus plus efficace, et les utilisateurs finaux pourront avoir accès à des données plus pertinentes ».
Dernière étape avant la généralisation ?
Source : ESA