Fondateur de Kewego.com et pionnier de l'internet avec Multimania, Michel MEYER répond aux accusations de Canal+, rappelle le cadre juridique établi par la LCEN et partage sa vision du secteur de la vidéo et du "user generated content"
JB - Michel MEYER bonjour. Canal+ a décidé d'attaquer Kewego pour contrefaçon de ses programmes. Quelle est votre réaction ?
MM - Bonjour. Nous sommes bien évidemment surpris par cette procédure qui nous vise de manière spécifique et nous ne comprenons pas les accusations de Canal+ car nous avions déjà effacé de nos serveurs les programmes incriminés. Nous estimons avoir respecté le cadre légal et j'ajoute qu'en tant que partenaire de nombreux médias dont des chaînes de télévision comme M6 ou France Television, nous sommes probablement plus sensibilisés à ces questions que bien d'autres plates-formes de partage de fichiers vidéo.
JB - Craignez vous que cette procédure remette en cause l'actuel cadre légal de la LCEN ?
MM - Depuis 2004, la loi de confiance dans l'économie numérique a défini un cadre juridique clair qui nous oblige à retirer les fichiers "quand on en a connaissance" ou "quand on nous le demande". On peut bien évidemment critiquer cette loi et les tribunaux peuvent faire évoluer la jurisprudence mais j'estime que la LCEN est adaptée à l'environnement numérique actuel en trouvant un juste équilibre entre la protection des ayants-droit et la libre communication sur le net.
JB - MySpace ou YouTube semblent beaucoup travailler sur des technologies de filtrage. Qu'en est-il chez Kewego ?
MM - Nous travaillons déjà sur le filtrage des fichiers, notamment au moyen de mots-clefs suspects, et nous veillons également à ce que tout fichier rejeté ne puisse pas être republié sur la plate-forme. Mais ce débat ne se limite pas à des questions techniques et il n'existe pas de solution miracle pour filtrer les contenus. Aucune machine ne peut savoir si un contenu est licite ou illicite. Parfois, on pense que le contenu appartient à une chaîne alors qu'il a été tout a fait légalement publié par un petit producteur ou un artiste indépendant qui souhaite se faire connaître. Et je ne vous parle même pas des questions de "droits distingués" selon les supports ou encore de jugements de valeur sur le caractère diffamatoire ou encore illégal de tel ou tel contenu !
JB - Pages perso ou vidéo : cette affaire peut-elle remettre en cause l'existence de plates-formes de "user generated content" ?
MM - Comme pour Multimania il y a quelques années, ce genre d'affaires nous poussera certainement à être plus vigilants ou à améliorer nos filtres mais personne ne peut empêcher les internautes de prendre la parole, sur une page perso ou désormais dans une vidéo. Le succès d'un débat comme Ségolène Royal / François Bayrou, vu plus d'un million de fois en 48 heures, montre qu'il s'agit désormais d'un mouvement de fond dont ne sommes qu'au tout début.
JB - Cette affaire pourrait-elle pousser Kewego à se détourner d'activités média grand public ?
MM - Notre réseau de 70 sites génère une audience de 75 millions de vidéos par mois mais nous revendiquons surtout un positionnement de "partenaire des médias". D'ailleurs, notre chiffre d'affaires de deux millions d'euros en 2006 provient essentiellement de nos services BtoB, avec des solutions pour les télévisions locales et des plates-formes vidéo pour les médias en ligne. Notre priorité est de travailler avec des marques légitimes comme Wideo dans le divertissement, Turbo dans l'automobile, ou encore l'Equipe dans le Sport et de les aider à diffuser et monétiser un contenu qui est d'ailleurs de plus en plus souvent produit par leurs propres équipes.
JB - Michel MEYER, je vous remercie.
Michel MEYER, Kewego : "il n'existe pas de solution miracle pour filtrer les contenus"
Publié le 16 mai 2007 à 09h47
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