Augmenter par deux voire par quatre la sensibilité des capteurs des appareils photo, tel est le pari qu'Eastman Kodak se propose de relever. L'ancien géant du film, pour lequel le passage au numérique ne s'est pas fait sans douleurs, semble en effet à nouveau décidé à en découdre. Après des annonces de multifonctions permettant de diviser par deux le coût des impressions jet d'encre, voilà Kodak qui s'attaque à un autre mythe : la photographie en basse lumière.
L'enjeu n'est pas des moindres puisqu'il s'agit de permettre de photographier dans des conditions qui ont toujours été considérées comme « limites » : de nuit, en intérieur avec une très faible source lumineuse (concert, église...), etc. Concrètement, cette sensibilité multipliée par deux ou pour quatre devrait permettre de diviser le temps de pose dans la même proportion. Une meilleure maîtrise de la sensibilité devrait également s'accompagner de progrès au niveau de la gestion du bruit numérique, ces pixels colorés qui parasitent l'image lorsque l'on monte en Iso.
Kodak travaillerait ainsi sur un nouveau type de filtre appelé à remplacer le filtre dit de Bayer (du nom d'un ingénieur issu de leur entreprise), employé aujourd'hui sur la plupart des capteurs et composé de groupes de quatre photosites colorés (un bleu, un rouge et deux verts), cette répartition des couleurs correspondant à la sensibilité de notre vision. En remplacement, Kodak compte proposer un filtre composé pour moitié de photosites bleu, rouge et vert, et pour moitié de photosites panchromatiques (c'est-à-dire sensibles à toutes les couleurs). Les données seront ensuite exploitées au moyen d'un nouvel algorithme.
L'ambition de Kodak n'est ni plus ni moins que de créer un nouveau standard. Après le lancement de la production prévu pour le premier trimestre 2008, les nouveaux capteurs feront leur apparition sur les appareils de la marque avant d'être proposés aux autres constructeurs. Il faut toutefois noter que Kodak n'est pas le seul dont les recherches vont dans ce sens d'une plus grande sensibilité. Un concurrent majeur comme Fujifilm travaille ainsi depuis des années sur cette même problématique, un travail couronné de succès dans la mesure où les appareils équipés du super-CCD HR maison se distinguent par une gestion du bruit bien supérieure à celle de leurs concurrents.