Ouriel OHAYON, TechCrunch.fr : "Je n'ai jamais apprécié l'expression Web 2.0"

Jérôme Bouteiller
Publié le 25 juin 2007 à 12h21
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Ouriel OHAYON
Rédacteur de TechCrunch.fr et directeur général du LightSpeed Gemini Internet Lab en Israël, Ouriel Ohayon évoque l'évolution de son blog, partage sa vision du web 2.0 et se prononce sur les éventuels conflits d'intérêt entre ses différentes activités...

JB - Ouriel OHAYON, bonjour. Techcrunch revendique encore parfois l'étiquette de blog mais peut on désormais parler d'un véritable groupe de média ?

OO - La frontière est en effet fragile. Sur le plan technologique et éditoriale TechCrunch reste un blog avec des opinions, pas simplement des informations. D'un autre côté il est vrai que TechCrunch obtient souvent des informations avant les médias traditionnels et que du fait de son audience et de son réseau de supports il ne s'agit pas simplement d'un blog. Mon point de vue est que les blogs sont des médias d'une nature différentes notamment quand ils grandissent avec leur audience car ils font plus de part à un regard critique de ce qui se passe mais aussi parce que la communauté des lecteurs interagit fortement avec l'équipe éditoriale. Je pense qu'à terme la frontière entre les blogs et les médias va se rapprocher: on voit déjà beaucoup de sites d'informations qui intègrent les commentaires et les votes.

JB - L'expression Web 2.0 commence désormais à se banaliser. Faut-il s'attendre encore à des "crunchs" dans l'internet ? Dans quels domaines ?

OO - Je n'ai jamais apprécié cette expression car elle ne décrit pas suffisamment bien un environnement complexe en permanente évolution. S'il y a jamais eu un 2.0 cela fait longtemps que nous sommes passés à une version supérieure. Je préfère parler de web innovant qui reflète mieux la dynamique d'innovation qui touche cette industrie. Jusqu'à présent la grande tendance était le web social, la contribution de l'internaute à tous les niveaux (contenu, distribution, infrastructure, réseau). Le web a besoin désormais de monétiser cela et une économie de monétisation des biens virtuels commence à se profiler. Les univers 3D n'en sont qu'à leur début et la vidéo sur le web fait ses premiers pas. Tout le monde attend avec impatience la convergence du web et mobile qui tarde à venir car la culture des opérateurs mais aussi les terminaux ne sont pas encore au rendez vous. L'iPhone devrait aider à cela de même que les nouvelles générations de navigateurs mobiles

JB - Vous êtes rédacteur de TechCrunch mais également administrateur de nombreuses jeunes pousses. Quelle est votre politique pour éviter les conflits d'intérêt ?

OO - Je suis effectivement au board de Wikio et ADSclick et à l'advisory board des startups dans lesquelles j'investis : bp tech, outbrain, vestopia, timeless Cities ou styleshake. Par principe j'évite de parler des sociétés dans lesquelles je suis administrateur et si je les mentionne je précise systématiquement que je suis investisseur ou administrateur. J'ai la même attitude avec les sociétés partenaires ou annonceurs de Techcrunch France (comme Zlio par exemple). Les lecteurs commencent d'ailleurs à être habitués à ce genre de mentions qui clarifient les conflits d'intérêts. Grâce aux blogs, l'internaute devient plus critique mais aussi plus sophistiqué dans sa manière de consommer l'information

JB - La recette de Techcrunch, d'un journaliste/entrepreneur peut-elle être déclinée à d'autres secteurs ? Est-ce un modèle à suivre pour la presse ?

OO - Je ne pense pas avoir les qualités d'un journaliste mais je crois beaucoup en revanche beaucoup au contenu informatif complémentaire aux médias produit par des personnes connaissant un secteur de l'intérieur. L'industrie du capital risque par exemple vit une profonde évolution sous l'impulsion des blogs qui apportent transparence et interaction dans un univers souvent considérer comme obscur. L'industrie de la musique également avec les blogs d'artistes. La presse et les blogs sont et seront toujours complémentaires car les informations produites ne sont pas de mêmes natures mais il y a de bonnes choses à prendre des deux côtés. La presse deviendra plus proche de son lectorat via l'interaction, les blogs (une partie en tout cas) deviendront plus structurés dans leur manière de relater opinions et informations

JB - Ouriel OHAYON, je vous remercie.
Jérôme Bouteiller
Par Jérôme Bouteiller

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