Suivie par quelques centaines de scientifiques, cette rencontre avait plus valeur d'expérience que d'exhibition. Afin de tester le logiciel en limitant l'influence du hasard sur le résultat de la partie, les responsables de la partie ont placé les deux humains dans deux pièces différentes, où ils leur ont fait affronter deux instances du programme Polaris. Les cartes ont été interverties entre les différentes donnes, de façon à analyser les différences de réaction entre l'humain et la machine. L'une des instances de Polaris a donc reçu à la seconde manche les cartes qu'avait eues le joueur qui affrontait l'autre instance à la première manche.
Pour les spécialistes de l'intelligence artificielle, la conception d'un programme de poker revêt des difficultés bien différentes de celle que l'on rencontre dans un jeu comme les échecs. Le poker, et tout particulièrement la variante Texas Hold'em jouée ici, ne repose pas uniquement sur la logique et les probabilités puisqu'il est nécessaire de miser, d'analyser le comportement de son adversaire pour le déstabiliser et, enfin, de bluffer.
« Je suis vraiment content que cela soit fini » a déclaré Ali Eslami à la fin de la rencontre, avant d'expliquer qu'il venait sans doute de jouer la partie la plus éprouvante de sa vie. « Je suis même surpris que nous ayons gagné... le programme est déjà si bon qu'il deviendra très difficile de le battre à l'avenir ».