Une soixantaine de membres d'associations et de collectifs opposés à des notions telles que la vidéosurveillance, la biométrie ou la constitution de fichiers informatiques ont occupé ce matin les locaux parisiens de la Cnil, rue Vivienne. A l'aide de banderoles tendues sur la façade de l'édifice, ils ont annoncé la dissolution de la Commission nationale informatique et libertés, avant qu'une petite délégation soit introduite auprès du secrétaire général de la Cnil, Yann Padova.
« Depuis sa création en 1978, la Cnil n'a cessé de faciliter et de légitimer l'exploitation numérique de nos vies. Main dans la main avec les gouvernements et les industriels, elle a concrètement travaillé à ce que l'inacceptable semble acceptable, en réduisant la liberté au contrôle des flux informatiques. Sa mission a consisté à endormir toute critique et toute révolte, en jugeant à notre place et en notre nom de ce qui pouvait porter le nom de liberté », dénonce l'association lyonnaise Rebellyon.
Loin de protéger les libertés individuelles, la Cnil contribuerait selon elle au durcissement des mesures de surveillance et à la constitution de fichiers d'informations personnelles. « De 1978 à 2007, la Cnil fut l'instrument privilégié de cette progressive réduction en esclavage, qu'elle facilita considérablement, en la présentant comme nécessaire et conforme à la liberté », explique encore Rebellyon.
A l'occasion de son bilan annuel, présenté en juillet dernier, la Cnil expliquait pour sa part ne pas avoir les moyens nécessaires à la bonne conduite de sa mission. « Notre organisation est la dernière d'Europe en terme de moyens et d'effectif. Si rien ne change, nous finirons par ne plus être en mesure de défendre le citoyen, le citoyen se retrouvera seul face au pouvoir. C'est un risque énorme quand on sait que l'informatique intéresse tous les domaines de la vie en société », expliquait alors Alex Türk, président de cette autorité administrative indépendante.