Sites, blogs, réseaux sociaux, marketing politique, publicité et appels aux dons en ligne, les outils du World Wide Web sont largement utilisés par les candidats à la présidentielle américaine 2008, des démocrates Hillary Rodham Clinton et Barack Obama, aux républicains John McCain, Mitt Romney et Mike Huckabee, pour assurer leur promotion et contribuer au financement de la campagne. A la veille du « Super Tuesday » du 5 février, un état des lieux s'impose.
Super Tuesday : jour où le plus grand nombre d'Etats américains, 22 cette année, votent simultanément dans le cadre des primaires et des caucus pour sélectionner les candidats des partis républicain et démocrate. Chaque parti, ses délégués, désignera officiellement son candidat à la présidence et à la vice-présidence lors d'une convention nationale estivale. Ensuite, les 538 grands électeurs nommeront, le 4 novembre prochain, le président des Etats-Unis, qui entrera en fonction fin janvier 2009.
Dollars, sites de campagne et dons en ligne
Lors de la campagne présidentielle US 2004, John Kerry, candidat démocrate défait par le président sortant, le républicain George W. Bush, aurait obtenu près de 80 millions de dollars de dons effectués par Internet. Il est fort probable que ce montant soit dépassé en 2008.
A l'approche de la primaire démocrate du New Hampshire, remportée le 8 janvier 2008 par la sénatrice Hillary Clinton, son époux Bill Clinton, président des Etats-Unis de janvier 1993 à janvier 2001, déclarait : « Seuls nos supporters en ligne peuvent mettre assez rapidement de l'argent dans la banque pour faire une réelle différence dans le New Hampshire demain ».
Grand rival d'Hillary Clinton (Hillary for President), le sénateur Barack Obama (Obama'O8) a adopté une stratégie moins « agressive » entre le caucus remporté dans l'Iowa, le 3 janvier, et sa place de second dans le New Hampshire. Barack Obama a privilégié le courrier électronique, appel aux dons en ligne inclus. Toutefois, ces messages électroniques étaient davantage axés sur la construction d'une dynamique appelant les internautes à contribuer à la campagne, notamment aux cellules de « phone banking ».
Du côté des républicains, le sénateur John McCain, vainqueur de la primaire républicaine du New Hampshire, et l'ancien gouverneur du Massachusetts Mitt Romney, vainqueur dans le Michigan, ont adopté des approches opposées. L'appel aux dons par courriels est un des piliers de la web campagne « John McCain 2008 ». Tandis que « Romney for President » invite ses soutiens à appeler les électeurs par téléphone et à les convaincre du bien-fondé de sa candidature.
Du fiasco de la machine à voter au vote électronique des expatriés
En 2000, le scandale des machines à voter a fortement entamé la crédibilité du vote et laissé peser le doute sur la victoire de George W. Bush face au démocrate Al Gore... Depuis l'eau a coulé sous les ponts. Cette année, les démocrates américains installés à l'étranger ont la possibilité de voter en ligne pour leur candidat favori lors des primaires, du 5 (Super Tuesday) au 12 février 2008.
Parmi les 6 millions d'électeurs étatsuniens basés à l'étranger, les démocrates intéressés ont dû rejoindre, avant le 1er février, Democrats Abroad, organisation officielle du parti democrate. Ils obtiendront un identifiant personnel de l'éditeur californien de logiciels Everyone Counts pour voter et départager Clinton et Obama, Edwards et d'autres ayant abandonné la course.
Chacun sa pub !
D'après « l'Internet Inside Weekly » de Doug Anmuth, analyste chez Lehman Brothers, les annonceurs actifs aux Etats-Unis pourraient dépenser plus de 110 millions de dollars en publicités web politiques en 2008, soit 3,6% des 3 milliards de dollars de dépenses publicitaires politiques estimées pour l'année, tous médias confondus. Sur ces 110 millions de dollars, 42,5 millions de dollars concerneraient directement la campagne présidentielle 2008, une campagne dont le coût total pourrait dépasser les 5 milliards de dollars.
Des networks aux réseaux sociaux
Les grands réseaux audiovisuels américains, ABC et CNN en tête, ont choisi de s'associer aux principaux réseaux sociaux et plates-formes communautaires pour élargir leur audience sur Internet et, surtout, ne pas se laisser voler la vedette par les contenus générés par les utilisateurs, les blogueurs.
A la suite de CNN et YouTube, de MTV et MySpace, ABC News s'est associée à Facebook, réseau social en croissance, pour couvrir la présidentielle 2008. Via la rubrique US Politics, les 63 millions de membres du réseau social ont la possibilité d'accéder à un espace de discussions « de campagne » et aux reportages politiques réalisés par ABC News. Ils peuvent également accéder aux profils et aux contenus de reporters de la chaîne détenue par Walt Disney Co.
« Nous voulons élargir le débat, passer d'une session d'une heure à laquelle on peut assister à la télévision, à un dialogue qui puisse avoir lieu avant, pendant et après l'évènement », déclarait Dan Rose, VP de Facebook, sur ABC News en novembre 2007.
Le choix des internautes
The Pew Research Center for the People & the Press a publié en janvier l'enquête « Internet's Broader Role in Campaign 2008 ». Celle-ci a été menée du 19 décembre au 30 décembre 2007 par Princeton Survey Research Associates International auprès d'un échantillon représentatif d'électeurs étatsuniens.
24% des 1.430 adultes âgés de 18 ans et plus interrogés ont déclaré s'informer régulièrement sur Internet de la campagne présidentielle 2008, pour mieux connaître candidats, programmes, déroulement et anecdotes. Cette proportion a quasiment doublé depuis la présidentielle US 2004.
Si la télévision demeure la source d'informations privilégiée par les électeurs américains (60% contre 68% en 2004), devant les journaux (12% contre 15% en 2004), Internet (15% contre 6%) et la radio (8% contre 7%), la toile mondiale est la seule à augmenter son audience de manière significative. De plus, 42% des 18-29 ans déclarent s'informer régulièrement en ligne de la campagne, soit la proportion la plus élevée tous médias confondus. Ils étaient 20% en 2004.
Dans ce cadre, les internautes américains optent en majorité pour des classiques, MSNBC (26%), CNN (23%), et News (22%) en tête. Cependant, des sources moins traditionnelles, plus web 2.0, captent également l'attention des internautes dont le Drudge Report (3%), MySpace (3%) et YouTube (2%).
Au printemps 2007, Chris DeWolfe, co-fondateur de MySpace, déclarait : « Les internautes ne veulent pas d'un débat formaté [...] Nos utilisateurs veulent obtenir des réponses directes à leurs questions, sans filtre ».
candidats démocrates > Hillary Rodham Clinton, Barack Obama . Se sont déjà désistés John Edwards, Mike Gravel, Dennis Kucinich.
candidats républicains > Mike Huckabee, John McCain, Ron Paul, Mitt Romney. Se sont déjà désistés : Rudolph Giuliani, Duncan Hunter, Fred Thompson.