Boeing logo

Les deux avionneurs ont continué de perdre de l'argent par rapport à l'année dernière. Face à la baisse des activités, la gestion de la trésorerie prime désormais.

Airbus et Boeing sont un peu les symboles d'un secteur aérien en souffrance, à l'arrêt durant plusieurs mois et au ralenti depuis. Les deux constructeurs ont publié il y a quelques jours leur troisième bilan trimestriel de l'année, comme toujours à seulement quelques heures d'intervalle. Sans surprise, les chiffres ne sont pas très flatteurs. Mais les arguments avancés tendent à montrer, malgré le contexte pandémique, que les deux groupes parviennent à maîtriser la crise.

Dans le brouillard, Airbus a enregistré 300 commandes depuis le début de l'année

Face à une reprise du transport aérien plus lente que prévu, Airbus est en train de s'adapter pour limiter les dégâts. « Nous avons convergé la production et les livraisons d'avions commerciaux et avons arrêté la consommation de cash, conformément à notre ambition », a déclaré le président-directeur général du groupe, Guillaume Faury.

Après avoir vu son chiffre d'affaires baisser de près de 40% au premier semestre, Airbus a généré des revenus à hauteur de 11,2 milliards d'euros au troisième trimestre, contre 15,3 milliards d'euros l'an dernier à la même époque. Soit une baisse de 27%. Le groupe européen affiche une perte de 767 millions d'euros sur le troisième trimestre.

Depuis le début de l'année, Airbus totalise 30,2 milliards d'euros de chiffre d'affaires (-35% par rapport aux neuf premiers mois de 2019), pour 2,7 milliards d'euros de pertes. L'EBIT ajusté de l'avionneur, indicateur de sa rentabilité, a plongé de 49% en un an, tombant à 820 millions d'euros sur le troisième trimestre.

L'entreprise, qui doit supprimer 15 000 emplois d'ici la fin de l'été prochain, garde tout de même l'espoir grâce aux 300 commandes d'avions enregistrées depuis le début de l'année, avec un carnet de commandes (7 441) finalement 4% plus important que celui de la fin du troisième trimestre 2019 (7 133 appareils). Son flux de trésorerie (-11,8 milliards d'euros) était davantage maîtrisé ce trimestre (+0,6 milliard d'euros). Pour le reste, le groupe avance prudemment, toujours dans la crainte que ses activités et celles de ses sous-traitants soient complètement à l'arrêt ou presque.

Boeing va supprimer 7 000 emplois supplémentaires

Les conséquences de la pandémie de Covid-19 sont toujours très importantes de l'autre côté de l'Atlantique également. Mais l'immobilisation au sol du 737 MAX a aussi eu ses effets. Sur le troisième trimestre, l'avionneur américain a généré un chiffre d'affaires de 14,1 milliards de dollars (12,05 milliards d'euros), en baisse de 29% sur un an, où le groupe avait enregistré des revenus à hauteur de 20 milliards de dollars.

Depuis le début de l'année, Boeing fait état d'un chiffre d'affaires de 42,9 milliards de dollars, soit 36,7 milliards d'euros (-27% par rapport aux neuf premiers mois de 2019). Comme pour le chiffre d'affaires, Boeing a pu davantage limiter ses pertes par rapport à Airbus au troisième trimestre (466 millions de dollars, soit 398 millions d'euros). En revanche, depuis le début de l'année, le constructeur de Chicago accuse une perte de 3,5 milliards de dollars (2,99 milliards d'euros), ayant été meurtri au premier semestre, au plus fort de la crise.

« Notre portefeuille diversifié, qui comprend les services gouvernementaux, ainsi que les programmes de défense et spatiaux, continue de nous assurer une certaine stabilité, tandis que nous nous adaptons et reconstruisons nos activités pour aborder la période post-pandémie dans les conditions optimales », a déclaré le patron de Boeing, Dave Calhoun, qui se veut positif et compte sur la relance attendue du 737 MAX, qui a effectué 1 400 vols d'essai et de vérification.

Le flux de trésorerie de Boeing, lui, est de -14,4 milliards de dollars, et le carnet de commandes du groupe s'élève à 4 300 avions commerciaux à livrer ces prochaines années, pour un total de 393 milliards de dollars. Boeing, qui a déjà taillé dans ses effectifs en se séparant de 19 000 salariés, devrait supprimer 7 000 emplois supplémentaires d'ici la fin de l'année.