Le trafic aérien tardera à retrouver son niveau de 2019. En attendant, l'avionneur va probablement annoncer un plan de restructuration massif à la fin du mois de juin ou en juillet.
Avec une crise de coronavirus qui fait souffrir les compagnies aériennes et de nombreux sous-traitants du secteur, il fallait évidemment s'attendre à ce que les avionneurs comme Airbus en pâtissent grandement. Le constructeur européen devrait annoncer dans les prochaines semaines des décisions à la fois « amères » et « difficiles », avec un plan de réduction des effectifs attendu et redouté. Une conséquence de la crise qui paraît inévitable.
10 000 à 13 000 emplois menacés chez Airbus
Le président français du groupe Airbus, Guillaume Faury, a fait parvenir un mail à l'ensemble des 140 000 salariés du groupe ces derniers jours, courrier électronique dans lequel il leur indique que le trafic aérien ne reviendra pas à son niveau de 2019 avant 2023, « au mieux », « voire 2025 », une analyse récemment partagée par l'Association internationale du transport aérien, qui ne voit pas un retour à la normale du trafic avant 2024.
Dans son mail, le patron d'Airbus annonce que des décisions très difficiles vont être prises pour « protéger l'avenir de l'entreprise », alors que le groupe a bloqué les embauches au début de la crise et que son illustre concurrent, Boeing, avait anticipé sa communication en annonçant dès le mois d'avril la suppression prochaine de 16 000 emplois, soit environ 10% des effectifs du géant américain.
Airbus devrait très sérieusement tailler dans ses effectifs. 10 000 à 13 000 emplois seraient menacés, et c'est d'ici fin juillet que le groupe européen devrait annoncer un plan de restructuration conséquent. « L'ampleur de la crise du COVID-19 pour notre secteur impose à Airbus de s'adapter. Cette adaptation signifie en fait une réduction significative du format de notre entreprise », a expliqué à ses salariés Guillaume Faury, les préparant au pire des scénarios avec des mots choisis lourds de sens.
Une forte réduction de la production en 2020 et 2021
Le plan attendu est consécutif à la crise et au ralentissement de la production chez Airbus, dont la réduction de 40% a déjà été annoncée pour 2020 et 2021, alors que de nombreuses compagnies ne pourront pas honorer leur(s) commande(s). L'avionneur, qui travaillait à démarrer la production d'une nouvelle nacelle pour ses A320 depuis Nantes (350 emplois à la clé), a finalement renoncé pour confier celle-ci à une entreprise américaine. Le groupe a perdu plus d'un tiers de son activité d'aviation commerciale et tend désormais à prendre toutes les mesures financières qui l'aideront à retrouver l'équilibre financier.
Airbus devrait donc bientôt rejoindre officiellement la longue liste des acteurs majeurs du secteur de l'aéronautique européen, parmi lesquels on retrouve Air France (8 000 à 10 000 emplois), Lufthansa (22 000), British Airways (12 000), easyJet (4 500) ou Ryanir (3 000), à annoncer des suppressions d'emplois. Une politique incomprise par une partie de l'opinion et de la classe politique de l'Hexagone. Beaucoup ne conçoivent en effet pas que les entreprises de l'aéronautique puissent licencier en masse, alors qu'un plan de relance à 15 milliards d'euros a été acté au début du mois de juin en France par le gouvernement pour venir en aide à la filière.
Source : Capital