Le groupe industriel français voit ses différentes divisions œuvrer au ralenti alors que la crise de coronavirus se poursuit.
À l'instar des compagnies aériennes, dont la souffrance s'étalera inexorablement sur plusieurs années, les équipementiers subissent aussi les conséquences de la pandémie de maladie à Covid-19. C'est le cas de Safran, géant français de l'aéronautique, de l'espace et de la défense. L'industriel, qui emploie près de 100 000 personnes dans le monde, suscite l'inquiétude au sein de ses différentes divisions dédiées au secteur aérien, qui amorcent une (très) lente reprise.
Une activité qui reste pendue au carnet de commandes
Chez Safran Aircraft Engines, qui met au point et conçoit les moteurs d'avion, le chômage partiel est devenu la norme ces dernières semaines. Au lendemain du début du confinement, le 18 mars 2020, la majorité des 5 000 employés du site de Paris-Villaroche (le premier en nombre d'employés de cette division de Safran) était restée à domicile, après que plusieurs centaines de leurs collègues ont fait jouer leur droit de retrait. S'en était suivie une fermeture de plusieurs jours, puis une très lente reprise de l'activité.
« Nous avons recours à l'activité partielle à hauteur de 60 % et ce jusqu'au début de l'été », s'inquiétait alors un porte-parole de l'entreprise. « Personne ne connaît la durée de la crise. Les experts parlent de trois à cinq ans » poursuit-il. Forcément, Safran Aircraft Engines ne peut pas tourner à plein régime, la très forte baisse du trafic aérien provoquant une baisse évidente des commandes et des livraisons de moteurs neufs. Et la crise ne touche fort heureusement pas le domaine militaire.
Stratégique lui aussi, le site de Montereau-sur-le-Jard privilégie toujours le télétravail. 1 200 salariés travaillent à domicile tandis que 1 000 seraient sur place.
La direction du groupe, client d'Airbus et de Boeing, a indiqué que tous les sites français seraient fermés cette semaine, avec la prise obligatoire de congés. Une deuxième vague de reprise de l'activité débutera ainsi à compter du lundi 25 mai, avec l'objectif d'accueillir « tous les salariés en télétravail à raison d'un jour par semaine au moins sur site. Certains salariés qui étaient en activité partielle reviendront aussi sur le site selon les opérations à mener », indique la firme à nos confrères du Parisien.
Le chômage partiel touche encore la majorité des salariés de Safran
Du côté de Safran Nacelles, qui par définition fabrique des nacelles pour les moteurs d'avions, on essaie de surmonter la crise du mieux possible. Le site de Gonfreville-l'Orcher, qui emploie 1 700 personnes près du Havre, a vu son carnet de commandes baisser de 30 à 35%, comme le relaient nos confrères de Paris Normandie.
Depuis que le confinement a débuté, seuls 10% des collaborateurs travaillent depuis l'usine. 25% des effectifs exercent en télétravail, tandis que plus de 50% des salariés restants sont au chômage partiel. La situation est comparable sur le plus petit site de Pont-Audemer, non loin de là. On note en tout cas que d'une filiale à une autre, la proportion de chômage partiel est à peu près la même chez Safran.
Les représentants de Safran Nacelles redoutent une crise aussi brutale que longue. « Les plus optimistes parlent d’une reprise en 2022, les pessimistes en 2024. Nous nous rangeons dans la première catégorie », indique Olivier Aguillon, Directeur du site de Gonfreville-l'Orcher. Avec toujours la même crainte. Tant que les avions ne voleront pas et que le trafic ne présentera pas un visage à peu près convenable, les compagnies ne voleront pas et les commandes tarderont à être passées. Il ne reste plus qu'à espérer que les voyageurs reprendront confiance en l'aérien dans les prochains mois. Sinon, les dommages n'ont pas fini de s'aggraver.
Sources : Le Parisien, Paris Normandie