L'avionneur Boeing a publié des résultats trimestriels et annuels en baisse, sans surprise. Le géant américain doit, en plus, faire face à des annulations à la pelle de son prochain gros porteur.
Marqué par la pandémie, le dernier bilan financier du groupe Boeing n'est forcément pas très flatteur. Confronté aux annulations du 777X et à la réglementation du 737 MAX, le constructeur américain prend chaque jour un peu plus conscience des conséquences de la crise occasionnée par la Covid-19. En 2020, ses revenus ont plongé de 24%, comparés à ceux de 2019.
La pandémie et le 737 MAX, cet amer cocktail
Sur l'année écoulée, Boeing a généré un chiffre d'affaires de 58,2 milliards de dollars (48,6 milliards d'euros), en baisse de 24% sur un an. Au quatrième trimestre 2020, la baisse fut un peu moins évidente, avec des revenus à hauteur de 15,3 milliards de dollars, contre 17,9 milliards de dollars au T4 2019 (-15%).
La donnée la plus criante pour Boeing est celle qui concerne la perte nette. En 2020, l'avionneur a fait état de 11,9 milliards de dollars de pertes. En 2019, celles-ci n'étaient que de 636 millions de dollars. « L’année 2020 a été marquée par de profonds bouleversements sociétaux et planétaires qui ont considérablement touché notre industrie. L’impact exceptionnel de la pandémie sur le transport aérien commercial, associé à l’immobilisation au sol du 737 MAX, a eu des répercussions sur nos résultats », a commenté le David Calhoun, Président-directeur général de Boeing, en marge de la publication des résultats, à la fin du mois de janvier.
S'il a commencé à recevoir l'approbation d'autorités de réglementation, l'agence gouvernementale américaine de l'aviation civile ayant autorisé son retour en service (d'ailleurs effectifs auprès de plusieurs compagnies depuis le 25 janvier 2021), et que les livraisons ont repris, le 737 MAX est loin, très loin d'avoir repris son rythme de croisière. Et les nombreuses lignes aériennes coupées partout dans le monde n'aident pas.
Des annulations en cascade pour le 777X, mais un carnet de commandes qui reste bien rempli pour Boeing
Si la relance douce du 737 MAX donne à Boeing un semblant d'optimisme, l'inquiétude est plutôt portée sur le 777X, qui va devoir encore patienter avant de prendre son envol, au propre comme au figuré. La première livraison du prochain gros porteur de l'avionneur a en effet encore été repoussée d'un an, et celle-ci n'interviendra, au mieux, qu'à la fin 2023.
Le programme 777X a ainsi enregistré une charge avant impôt de 6,5 milliards de dollars, nécessaire en raison des frais à couvrir, liés à une demande moins importante que prévue, et d'un programme de certification qui tarde. Le carnet de commandes de l'appareil, qui était de 350 il y a un an, est tombé à 191 ces dernières semaines. Les principaux clients de la compagnie qui ont jeté leur dévolu sur le 777X (Emirates, Etihad Airways, Cathay Pacific et Lufthansa) ont tous décidé soit de convertir une partie de la commande en 787-10, soit de décaler les livraisons.
Qu'en pense-t-on chez Clubic ?
Malgré des indicateurs aujourd'hui peu reluisants, il n'y a pas nécessairement péril en la demeure du côté de Boeing. Ou plutôt, la situation pourrait être pire, aurions-nous pu dire, même si le géant a déjà dégraissé et supprimé plusieurs milliers d'emplois dans le monde. Le constructeur possède encore un carnet de commandes bien rempli, avec 4 000 avions commerciaux à produire. Pour un montant total de 363 milliards de dollars. Il ne faudra tout de même pas que la crise s'éternise.
Source : communiqué de presse