Les géants européen et américain ont respectivement perdu 2 milliards d'euros et 3 milliards de dollars sur le premier semestre. Des résultats qui s'expliquent par des commandes qui n'arrivent plus, et d'autres qui auront du mal à être honorées.
Parmi les entreprises du secteur aérien qui ont souffert et souffrent encore de la crise, Airbus et Boeing, en leur qualité d'avionneurs, sont évidemment en première ligne. Les deux acteurs, qui ont publié leur bilan semestriel à seulement quelques heures d'intervalle, font état de lourdes pertes, qui se chiffrent en milliards. Conséquence : en plus des emplois qui seront sacrifiés, la production mettre du temps à revenir à la normale.
Les pertes abyssales des avionneurs
Forcément, la comparaison n'aura pas de grande utilité, mais il est bon de la faire pour se rendre compte à quel point la crise traversée par le secteur aérien est terrible. Alors qu'Airbus avait dégagé un bénéfice net de 1,20 milliard d'euros en 2019 sur les six premiers mois de l'année, l'avionneur européen a enregistré une perte de 1,92 milliard d'euros au premier semestre 2020.
L'EBIT ajusté d'Airbus est aussi négatif, à hauteur de 1,31 milliard d'euros, contre un bénéfice avant intérêts et impôts de 2,19 milliards sur la même période en 2019. Concernant le chiffre d'affaires, celui-ci a plongé de 39% pour atteindre les 18,95 milliards d'euros au premier semestre 2020, contre 30,87 milliards en 2019. Sa trésorerie a fondu de 12,4 milliards d'euros (avec 3,6 milliards d'euros d'amendes versés à la France, aux États-Unis et au Royaume-Uni).
De l'autre côté de l'Atlantique, Boeing a perdu 2,4 milliards de dollars rien qu'au deuxième trimestre 2020, et autour de 3 milliards de dollars depuis le début de l'année. L'avionneur américain a généré un chiffre d'affaires de 28,71 milliards de dollars (24,3 milliards d'euros) sur les six premiers mois de l'année, contre 38,67 milliards de dollars (32,7 milliards d'euros) au S1 2019. Soit une baisse, sévère, de 26% sur un an. La trésorerie du géant a fondu de 9,58 milliards de dollars sur ce premier semestre.
Des lignes de production qui tournent au ralenti, mais des carnets de commandes bien fournis
Que ce soit du côté d'Airbus ou de Boeing, les cadences de production ont déjà été réduites depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois désormais. L'avionneur européen, qui a enregistré 298 commandes au premier semestre, n'a livré que 196 avions depuis le début de l'année, contre 389 au premier semestre 2019. Airbus a notamment livré 157 avions de la famille des A320. La production des A350 sera désormais ramenée de six à cinq par mois, pour s'adapter à la situation actuelle du marché. Le groupe indique que la production des A220 issus de la chaîne d'assemblage final de Mirabel, au Canada, devrait atteindre son niveau pré-Covid assez rapidement. Et il n'y a pas eu de retard dans l'ouverture de la chaîne d'assemblage final de Mobile, aux USA, dont nous avions parlé dans nos colonnes.
Au total, Airbus n'a pas pu livrer 145 appareils commerciaux, du fait de la crise de coronavirus. Mais les perspectives restent bonnes pour le groupe, dont le carnet de commandes de 7 584 avions commerciaux au 30 juin 2020 lui permet de voir l'avenir avec un minimum de sérénité. Une accalmie dans la tempête.
Boeing a également un carnet de commandes bien rempli, avec des contrats portant sur 4 500 avions commerciaux, ce qui correspond à 409 milliards de dollars à venir. Au deuxième trimestre, le groupe américain n'a livré que 20 appareils, dont un seul 747, pour lequel la production prendra fin en 2022. Boeing espère désormais obtenir le feu vert des autorités de régulation du secteur pour relancer définitivement sa star, le 737 MAX.
Source : Boeing / Airbus