Un Boeing de la compagnie United Airlines (© Pexels / Ugurcan Ozmen)
Un Boeing de la compagnie United Airlines (© Pexels / Ugurcan Ozmen)

Cloués au sol pendant la pandémie de Covid-19, les avions retrouvent doucement leur rythme de croisière – et ce n'est que le début, prévient Boeing.

À terre au plus fort de la pandémie, au propre comme au figuré, le secteur de l'aéronautique connaît aujourd'hui un vrai rebond. Les avions dits mono-couloirs, plutôt utilisés pour de courtes distances, ont vu leur flotte revenir à 98 % du niveau relevé avant la crise de coronavirus. Et la flotte des gros porteurs, destinée aux long-courriers (voyages internationaux) est à 78 %, avec une tendance à la hausse rapide. Cette reprise, qui ne se fait pas sans couacs (grèves, vols annulés, pénurie de personnel(s) dans les aéroports), est annonciatrice d'une embellie historique pour le secteur. Le nombre d'appareils devrait grimper de 82 % d'ici 2041, nous dit Boeing.

Une croissance du nombre d'avions qui coïncide avec le renouvellement de la flotte mondiale

Tous constructeurs confondus, la flotte mondiale d'avions devrait dépasser les 47 000 en 2041, selon le dernier rapport commercial de Boeing. Pour nous faire prendre conscience de l'évolution monstre qui attend l'aéronautique, le constructeur américain rappelle qu'en 2019, année précédant la pandémie, cette même flotte planétaire était composée de 25 900 appareils.

La demande de nouveaux appareils, elle, devrait s'élever à plus de 41 000 sur les vingt prochaines années, avec un renouvellement profond donc de la flotte mondiale. Airbus, de son côté, estime à 39 490 le nombre de nouveaux avions passagers dont le monde aura besoin d'ici 2041, évoquant une flotte quasiment égale à celle estimée par Boeing, autour de 47 000. La croissance du nombre de passagers devrait, elle, progresser de 3,8 %.

Les chiffres sont évidemment flatteurs pour l'aéronautique, mais ils témoignent bien d'une reprise forte de l'activité, justifiée par le fait que les voyageurs peuvent de nouveau se déplacer. Mais tout n'est pas encore rétabli, des pays comme le Japon et la Chine restant encore fermés au tourisme, même si le régulateur chinois de l'aviation civile a annoncé, il y a quelques jours, vouloir augmenter le nombre de vols internationaux au second semestre, pour les diplomates et voyageurs d'affaires.

D'ici 10 ans, plus de 50 % des avions devraient être remplacés par des aéronefs plus économes en carburant

Dans le détail, Boeing explique que la moitié des avions destinés aux passagers serviront à remplacer des modèles actuels vieillissants, pour faire la part belle à des modèles basés sur du carburant d'aviation durable par exemple. Le constructeur n'oublie pas non plus de potentielles nouvelles taxes sur le carbone, qui pourraient accélérer la transition générationnelle des appareils.

« Les nouveaux avions offrent des gains d'efficacité significatifs, et les avions que les fabricants livrent et développent aujourd'hui seront de 25 à 40 % plus économes en carburant que ceux qu'ils remplacent, dans de nombreux cas », justifie Boeing. L'avionneur explique même que « d'ici 2031, plus de 50 % des avions de passagers d'ancienne génération alors en service en 2019 seront remplacés par des modèles actuels, permettant une réduction significative des émissions de carbone ».

L'empreinte carbone de l'aéronautique est un enjeu majeur, à l'heure où le prix du ferroviaire s'envole et où celui des carburants flambe. Il ne s'agit pas de faire s'entrecroiser plusieurs débats, mais le secteur aérien doit aussi bien répondre à des défis de court terme qu'à des objectifs fixés sur le long terme.

Concernant la demande enfin, la Chine, qui peine à faire certifier ses propres appareils pour des vols internationaux, se tourne toujours vers les avionneurs occidentaux, et plus particulièrement vers Airbus, comme en témoigne la récente commande de 292 Airbus A320neo passée par des compagnies de l'empire du Milieu. 40 % des demandes sont d'ailleurs concentrées aujourd'hui en Asie. Boeing n'en parle évidemment pas, mais le rapport de force qui l'oppose à son concurrent européen lui est désormais largement défavorable. Le contexte géopolitique pèse lourd.