© Alexandre Boero pour Clubic
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L'ARCEP ouvre une consultation publique autour de l'utilisation potentielle de la 5G à bord des avions.

Tout récemment, le 23 novembre 2022, la Commission européenne a adopté une décision d'exécution venant fixer un nouveau cadre d'exploitation de services de communications mobiles à bord des avions volant à l'intérieur de l'Union européenne. Autrement dit, l'UE a donné son feu vert pour certaines fréquences 5G en vol comme s'ils étaient au sol. L'Autorité de régulation des communications électroniques (ARCEP) propose désormais un projet de décision dont l'objectif est de transposer la décision européenne. Elle invite à ce titre tous les acteurs intéressés à prendre part à une consultation publique sur le sujet, qui court jusqu'au 1er mars prochain. Faisons le point sur cette future innovation.

Une délimitation bien précise des fréquences utilisables à bord des avions…

En mettant régulièrement à jour sa décision d'exécution depuis 2008, la Commission européenne à ouvert la voie au déploiement généralisé des services 5G à bord des aéronefs. Ce service est fourni à l'intérieur de la cabine grâce à un équipement de réseau appelé « pico-cell ». Il permet aux utilisateurs de se connecter et de voir acheminer leurs appels, textes et données par un réseau satellitaire, le tout entre l'avion et le réseau mobile au sol.

En ce qui concerne plus particulièrement l'espace aérien français, le cadre des fréquences radioélectriques par les services de communications mobiles à bord des avions autorise dans les appareils l'utilisation des réseaux 2G, 3G et 4G. Cette autorisation court d'ailleurs depuis 2014.

L'ARCEP, dans son appel à la consultation publique, précise vouloir « introduire des technologies et des mesures d'accès supplémentaires pour l'exploitation de services de communications mobiles à bord des aéronefs. » Mais pour cela, il faudra répondre à certaines exigences techniques.

Dans le projet de décision du gendarme des télécoms, on apprend que l'altitude au-dessus du sol pour une transmission à partir d'un tel système en fonctionnement doit être au minimum de 3 000 mètres. Et seules certaines bandes de fréquences seront tolérées dans la fourniture de services de communications mobiles à bord des avions : 1 710-1 785 MHz ; 1 805-1 880 MHz ; 1 920-1 980 MHz ; et 2 110-2 170 MHz. Les bandes de fréquences 925-960 et 2 110-2 170 MHz ne seront destinées qu'à prévenir la connexion des terminaux mobiles aux réseaux du sol.

… pour des raisons de sécurité évidentes

« Ces installations ne doivent occasionner aucun brouillage préjudiciable aux installations radioélectriques utilisant des fréquences spécifiquement assignées à leur utilisateur et ne bénéficient vis-à-vis de ces dernières d’aucune protection contre les brouillages préjudiciables. En particulier, les opérateurs de ces installations doivent prévenir tout brouillage préjudiciable aux réseaux mobiles terrestres et écarter les risques de connexion des systèmes fournissant des services de communications mobiles à bord des aéronefs aux réseaux mobiles au sol », prévient l'ARCEP.

Aux États-Unis, l'utilisation de la 5G provoque très régulièrement des perturbations du secteur aérien, la faute à une trop grande proximité (environ 200 MHz) entre la bande utilisée pour la 5G et les radioaltimètres, qui permettent à l'avion d'évaluer son altitude par rapport au sol grâce aux ondes radio. En France, l'écart est bien plus grand, 400 MHz, ce qui limite les perturbations dues aux connexions très haut débit.

Il ne faut donc pas s'attendre à bénéficier d'une 5G à pleine puissance en plein vol. De plus, il faut relever l'obstacle du modèle économique de l'aérien. Certaines compagnies se limitent à l'utilisation gratuite des applications de messagerie en Wi-Fi, comme WhatsApp, pour échanger des messages écrits uniquement. Les prix s'envolent très vite dès lors que vous souhaitez profiter d'un véritable service internet.

Source : Communiqué de l'ARCEP