Les géants Airbus et Boeing estiment que la 5G pourrait générer des interférences nocives et perturber certains systèmes essentiels au sein de leurs avions.
On constate souvent une avance technologique du côté des États-Unis dans certains domaines, mais il en est bien un où l'oncle Sam tâtonne comme jamais : c'est celui de la 5G. Outre-Atlantique, vous allez voir que les opérateurs prennent très au sérieux les critiques et les doutes émis par Airbus et Boeing au sujet de la technologie mobile de cinquième génération. Les avionneurs estiment que la 5G pourrait nuire à la sécurité aérienne, et le déploiement de cette dernière a été franchement retardé.
Airbus et Boeing, pas vraiment des admirateurs de la 5G
Nous avions déjà évoqué les risques de perturbation des prévisions météorologiques avec la 5G, d'autant plus avec la fameuse bande millimétrique (26 GHz), la plus puissante, fort heureusement pas déployée dans sa visée commerciale pour le moment. Mais depuis plusieurs mois, Airbus Americas et Boeing font poindre la menace que la 5G représente en matière de sécurité aérienne.
Les patrons des deux entreprises, Jeffrey Knittel pour Airbus Americas et Dave Calhoun pour Boeing, ont jeté une bouteille à la mer lundi et transmis une requête commune adressée à l'administration Biden, dont ils espèrent qu'elle retardera le déploiement prévu des nouveaux services sans fil 5G. Les dirigeants interpellent le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, afin que le gouvernement fédéral soutienne le report de déploiement de la bande C 5G, qui est l'équivalent de notre « bande cœur » française (3,7 - 3,8 GHz aux USA), celle qui avait fait l'objet des enchères.
Les avionneurs soutiennent les récentes sorties de la FAA, le régulateur américain de l'aviation, et de la FCC, la Commission fédérale des communications, s'agissant notamment du signalement de problèmes d'interférence potentiels avec les altimètres des avions en vol. Si vous l'ignorez, ces appareils doivent mesurer l'altitude des aéronefs par rapport au sol. Ils sont des éléments essentiels à la navigation, surtout en phase d'atterrissage, et leur perturbation pourrait entraîner des déroutements de vol.
Aux USA, la 5G est loin, très loin d'être reine
Airbus et Boeing craignent que les interférences générées par la 5G puissent « affecter négativement la capacité des avions à fonctionner en toute sécurité », ajoutant même que son développement aurait « un impact négatif énorme sur l'industrie aéronautique ».
Les opérateurs de télécommunications américains AT&T et Verizon ont accepté, le mois dernier, de repousser au moins jusqu'au 5 janvier 2022 le lancement commercial de la 5G en bande C, en adoptant aussi au passage des mesures de précaution, de façon à limiter les interférences. Cette décision fut en tout cas le signe, aux yeux de Boeing et Airbus, que la 5G peut constituer un vrai risque. Mais ils appellent à des décisions encore plus radicales et ont même émis une contre-proposition visant carrément à limiter les transmissions cellulaires, notamment dans et autour des aéroports.
La CTIA, l'association américaine chargée de représenter les membres de l'industrie des communications sans fil, a pour sa part déclaré que la 5G reste une technologie sûre, fiable. Elle accuse l'industrie aéronautique de semer la confusion et la peur, en déformant les faits.
De fait, les USA sont dans l'impasse, et les discussions promettent d'être aussi longues que tortueuses pour aboutir à une solution qui conviendra à tout le monde. D'ici-là, il ne faut pas s'attendre à une franche accélération du déploiement de la 5G outre-Atlantique.
Source : Reuters