L'avionneur européen Airbus poursuit sa course technologique contre son concurrent américain Boeing, en travaillant sur une nouvelle génération d'ailes pliables.
Le rendez-vous était pris dans le sud-ouest de l'Angleterre ce mardi 4 juillet, où le ministre britannique de l'Industrie, Nusrat Ghani, a inauguré une nouvelle usine du groupe Airbus. Cette place forte est destinée à créer les ailes du futur, celles qui équiperont les appareils qui succèderont à la série A320, la plus vendue à ce jour, de l'entreprise basée à Blagnac. La féroce concurrence que Boeing lui livre pousse l'avionneur à trouver une alternative moins coûteuse et plus audacieuse d'un point de vue technologique.
Airbus veut des ailes plus durables
Airbus va donc s'affairer à concevoir des ailes d'avion plus légères, plus longues et plus minces, « pour générer encore plus de portance et d'efficacité ». La particularité des pièces est qu'elles devraient être pliables, ce qui permettrait d'économiser jusqu'à 10 % de carburant par vol, pour davantage coller à une aviation plus verte et moins impactante sur l'environnement.
Ces ailes, dont Airbus aura besoin pour sa prochaine génération d'avions, devront être fabriquées à partir de matériaux légers. Aujourd'hui, les ailes des Airbus A320, A321, et du Boeing 737 sont en aluminium. Demain, elles pourraient être en carbone. Elles ne pourront ainsi pas stocker de carburant, comme c'est le cas avec les ailes qui circulent aujourd'hui dans les airs. En attendant, le géant européen ne lésinerait pas sur les moyens pour ses ailes du futur, en dépensant des centaines de millions d'euros.
L'entreprise travaille déjà sur les dix, quinze voire vingt prochaines années, expliquant que ses futurs avions, qui devront faire la part belle à l'hydrogène au détriment du kérosène, ne seront plus conçus de la même manière. Le successeur de l'A320, qui devrait toujours être monocouloir, est espéré entre 2035 et 2040. Avec un appareil qui devra embarquer de grands réservoirs cryogéniques, dans lesquels sera stocké l'hydrogène. Il est fort probable que ces réservoirs prennent place à l'intérieur du fuselage.
Des ailes prometteuses, mais quelques obstacles à surmonter
Tout cela ouvre donc le champ des possibilités pour concevoir des ailes enfin plus fines et plus légères, comme le souhaite Airbus. « Si le carburant n'est plus stocké dans les ailes, nous devons repenser la taille, la façon de contrebalancer la charge et un certain nombre d'autres facteurs », explique le fabriquant.
Un problème majeur se pose aujourd'hui. Les composites coûtent plus cher à produire, en tout cas en 2023. Et rentabiliser le tout sur des appareils à la capacité limitée risque d'être bien plus compliqué, surtout que des doutes sur le rythme de production subsistent. Airbus discute donc avec une poignée de fournisseurs pour essayer de faire tomber les coûts, afin de produire plus efficacement les pièces requises.
Ces ailes à pointe rétractable, qui pourraient être capables de réduire les turbulences de façon autonome, nécessitent un procédé de fabrication différent, et pour le moment, Airbus n'a pas encore trouvé la bonne formule. Quoi qu'il en soit, ces nouvelles ailes (ainsi que les nouveaux moteurs) ne devraient pas équiper les appareils avant 2030.