Pointé du doigt pour la pollution excessive de ses engins, le secteur aérien croit en une forte réduction de ses émissions, malgré un trafic qui continuera à prendre de l'ampleur.
Avec l'objectif affiché de diminuer par deux les émissions de CO2 de leurs appareils d'ici 2050, les professionnels de l'aviation vont avoir du pain sur la planche en raison de l'augmentation du trafic qui, d'ici là, devrait tout simplement doubler. Pour relever ce défi environnemental, les chercheurs du Conseil pour la recherche aéronautique civile (CORAC), réunis sous la houlette du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) ce 7 mars, ont multiplié les pistes.
La modernisation des appareils comme base de travail
Stéphane Cueille, Président du comité de pilotage du CORAC et Directeur de la recherche chez Safran, a conscience que le transport aérien a deux défis majeurs à relever pour ces prochaines années : celui de la transition énergétique, corrélé à la croissance du trafic aérien. À ce titre, l'instance de concertation entre l'État et l'industrie a dévoilé jeudi sa nouvelle feuille de route qui inclut l'entrée en service de la prochaine génération d'aéronefs pour la période 2025-2030 et les aéronefs en rupture au-delà de 2030.Une modernisation de la flotte pourrait permettre une réduction des émissions de l'ordre de 1,7 % par an. Il s'agit d'une première piste de réflexion, mais elle reste insuffisante.
Des carburants alternatifs pour contribuer à la réduction des émissions
Aujourd'hui, le transport aérien représente, à lui seul, 2 à 3 % des émissions de CO² de la planète. Et pour diviser par deux les émissions au cours des trois prochaines décennies, le Conseil pour la recherche aéronautique civile préconise l'utilisation de carburants alternatifs, comme un biokérosène fabriqué à partir de déchets, ou, à partir de 2030, comme nous le disions, des technologies de rupture, plus aérodynamiques, qui permettront de transporter un poids équivalent avec moins de poussée.Cependant, des propositions à la pratique, il y a souvent un gouffre. Si les acteurs du secteur que sont Air France, Airbus, Total, Suez et Safran sont tombés d'accord avec l'État français sur la fabrication d'un biokérosène à partir de déchets ou de résidus usagés, les progrès ne sont que trop peu rapides et l'avion électrique semble déjà oublié. Alors, d'autres technologies comme l'hydrogène ou les carburants de synthèse constituent autant de pistes à exploiter.
Si la France veut jouer le jeu, il faudra que les autres pays s'alignent et notamment certains gros pollueurs comme les États-Unis, dont le développement d'engins supersoniques fait grincer des dents.