L'Agence européenne de la Sécurité aérienne a enfin déployé des technologies anti-collisions abordables pour l'aviation générale. Elles pourraient sauver plusieurs vies chaque année.

Un avion bimoteur en pleine montée © Travis Potter / Shutterstock
Un avion bimoteur en pleine montée © Travis Potter / Shutterstock

L'aviation générale est chaque année endeuillée de plusieurs accidents mortels dus à des collisions aériennes. Avec une moyenne de six accidents et 13 décès chaque année dans le secteur des avions légers, l'Agence européenne de la Sécurité aérienne (EASA) a sonné la charge en ayant dévoilé, jeudi 10 avril, deux initiatives prometteuses destinées à réduire les collisions. Des technologies autrefois réservées aux avions commerciaux deviennent enfin accessibles aux pilotes privés, grâce à la miniaturisation et à la baisse des coûts.

Fini le « voir et éviter », les avions légers deviennent intelligents et connectés

Le système traditionnel « See and Avoid » (voir et éviter) montre depuis longtemps ses limites dans des espaces aériens de plus en plus encombrés. Imaginez piloter en vous fiant uniquement à vos yeux quand le ciel européen ressemble de plus en plus à une autoroute aux heures de pointe ! Voilà pourquoi l'EASA, à travers sa « Déclaration de visibilité », encourage désormais l'adoption de technologies permettant aux avions d'être électroniquement « visibles » pour les autres appareils.

La déclaration volontaire a été signée par onze autorités aéronautiques et autres entités. Elle entend démocratiser l'accès aux dispositifs de visibilité électronique. Le concept est simple mais très intéressant : chaque avion émet un signal indiquant sa position, sa trajectoire et son altitude. La solitude d'autrefois pour les pilotes de petits appareils privés va devenir une vraie expérience connectée. Fini donc le temps où les pilotes volaient à l'aveugle.

D'après Florian Guillermet, le directeur exécutif de l'EASA, « la capacité de chaque pilote à accéder à des systèmes abordables et compatibles pour améliorer leur conscience situationnelle représentera une avancée majeure pour la sécurité. » L'initiative, s'inscrit dans le cadre du plan GA Flightpath 2030+, vise à transformer l'aviation générale européenne sur le plan du numérique. Avec l'idée d'en faire une sorte de « Silicon Valley des nuages » pour les passionnés d'aviation.

Une technologie légère et économique qui remplace les coûteux systèmes TCAS

En parallèle, l'EASA a lancé la « Coalition ADS-L », qui établit un protocole standardisé pour les systèmes d'alerte sur les avions légers et les drones. Les fabricants signataires s'engagent à intégrer cette technologie dans leurs produits, ce qui devrait garantir une interopérabilité maximale. C'est un peu comme si tous les smartphones du monde adoptaient enfin un chargeur universel, ce qui serait une victoire pour les utilisateurs.

Contrairement aux systèmes anti-colission TCAS coûteux et lourds qui équipent les avions de ligne, les dispositifs ADS-L sont spécifiquement conçus pour être légers, économes en énergie et abordables. Ils permettent non seulement de signaler sa présence aux autres aéronefs, mais aussi de recevoir des informations sur le trafic environnant. Les pilotes peuvent donc profiter d'une vision quasi-surnaturelle de l'espace aérien.

Cette standardisation technique est une petite révolution pour l'aviation légère, qui fonctionnait jusqu'alors avec des technologies datant presque de l'époque où les frères Wright décollaient à Kitty Hawk, on exagère un brin évidemment. Quoi qu'il en soit, les données collectées serviront exclusivement à améliorer la sécurité, avec des garanties strictes concernant leur protection.

À terme, ces systèmes pourraient même faciliter l'intégration sécurisée des drones dans l'espace aérien traditionnel, pour ouvrir la voie à un futur où nos colis Amazon et nos pizzas voleront en harmonie avec les Cessna du dimanche. Ça ne coûte rien de rêver.