Le groupe, qui exploite les trois grands aéroports franciliens, estime que le trafic ne reviendra pas à la normale avant sept ans. La crise sera longue.
ADP (Aéroports de Paris) a publié, lundi 27 juillet, ses résultats du premier semestre 2020, et autant vous dire qu'ils sont conformes à l'ampleur et à l'impact de la crise de coronavirus sur le secteur aérien depuis le début de l'année : désastreux. Le groupe n'offre pas de bons résultats ni de bonnes perspectives, avec des effets sur le trafic, et donc sur l'activité des aéroports dont il a la gestion, qui s'étendront jusqu'en 2024, voire 2027.
Un chiffre d'affaires en baisse de 46,5% sur le premier semestre !
Sur les six premiers mois de l'année 2020, avec un semestre arrêté au 30 juin, ADP a généré un chiffre d'affaires consolidé de 1,17 milliard d'euros, affichant une baisse colossale de 46,5% sur un an. Au premier semestre 2019, le groupe faisait état d'un chiffre d'affaires de 2,2 milliards d'euros.
Cette donnée est évidemment consécutive à la brutale chute du trafic aérien, et donc de la circulation des voyageurs dans les terminaux et halls des aéroports. Le groupe ADP (qui comprend la gestion d'une quinzaine d'aéroports) a enregistré une baisse du trafic de 57,5% sur le premier semestre, avec 48,2 millions de passagers. Pour Paris Aéroport (Paris-Charles de Gaulle et Paris-Orly), la chute est encore plus brutale : -62,2%, à 19,8 millions de passagers.
Les Aéroports de Paris au soutien des compagnies aériennes 🛬
L'exonération de la redevance de stationnement des avions et celle des loyers a coûté 23 millions d'euros à Aéroports de Paris sur le premier semestre 2020.
Alors que le résultat net part du groupe était positif au S1 2019 à 250 millions d'euros, celui-ci a baissé de 793 millions d'euros, à -543 millions d'euros au premier semestre 2020. Certains éléments sont rassurants comme la trésorerie du groupe, qui s'élevait à 2,8 milliards d'euros le 30 juin. « Le groupe n'anticipe pas de difficultés de trésorerie à court terme », informe l'entreprise, tout de même rassurante.
Un impact de 2 à 2,5 milliards d'euros redouté sur l'ensemble de l'année
Pour l'heure, la reprise de l'activité reste très lente sur les aéroports du groupe ADP. À Paris-Charles de Gaulle, deuxième aéroport européen, le flux de passagers quotidiens était d'environ 50 000 à la mi-juillet, « ce qui correspond à peu près entre 20 et 25% de ce que nous avions au même jour de l'année », nous confiait récemment le directeur général de l'aéroport, Marc Houalla.
À Paris-Charles de Gaulle, seuls les terminaux 2E porte K, 2F et 2AC restent ouverts pour gérer le trafic commercial de passagers. Du côté de Paris-Orly, où le trafic commercial fut totalement à l'arrêt en avril et en mai et ce jusqu'à la fin du mois de juin, seuls Orly 3 et Orly 4 ont repris du service.
Et les perspectives à moyen et long terme ne sont pas très réjouissantes. « C'est la première fois depuis 50 ans que le trafic aérien connaît un à-coup aussi brutal et il est avéré que le rétablissement sera très progressif : un retour au niveau de trafic de 2019 à Paris est anticipé entre 2024 et 2027 », prévient Augustin de Romanet, Président-directeur général d'Aéroports de Paris - Groupe ADP.
Alors qu'il faudra donc prendre son mal en patience, Paris Aéroport anticipe une baisse du trafic de 63% sur l'ensemble de l'année 2020, et un impact sur le chiffre d'affaires qui serait compris entre 2 et 2,5 milliards d'euros. Soit la moitié des revenus annuels des aéroports.
Source : Groupe ADP